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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 59.djvu/575

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Pape qui, dans sa haute sagesse, croirait devoir les accepter ou simplement les tolérer, et cela au risque de tout briser, de rendre toute réconciliation impossible entre le Vatican et le Gouvernement français, au risque de rouvrir nos querelles religieuses en face de nos ennemis impénitents et de nos alliés divisés !

Ces catholiques ont-ils conscience de leur responsabilité ?

Au reste, en acceptant les Cultuelles, nous ne les déclarerions pas pour cela parfaites et. indéformables, nous ne nous engagerions nullement à n’en pas poursuivre légalement le perfectionnement, selon les possibilités et les opportunités, comme le font, en ce moment même, certains de nos frères séparés, des protestants, qui, après s’y être placés, réclament pour ces Associations cultuelles une plus large faculté de posséder, que vraisemblablement ils obtiendront. Souvent le meilleur et parfois le seul moyen d’obtenir la réforme d’une loi est d’accepter le terrain qu’elle nous offre, et d’user des droits qu’elle nous accorde.


IV

Mais, objecte-t-on, les Cultuelles françaises ont été interdites par Pie X, et Benoit XV ne peut les accepter, ni même les tolérer, sans se mettre en contradiction avec son vénéré prédécesseur. Cette objection serait grave, si elle était fondée, mais elle ne l’est pas.

Pour que deux décisions soient en contradiction, il ne suffit pas qu’elles soient différentes, ni même contraires : il faut qu’elles aient été portées dans les mêmes circonstances et vis-à-vis des mêmes personnes. Elles sont nombreuses dans l’histoire de l’Eglise les pages où nous voyons des Papes modifier ou rapporter les décisions de leurs prédécesseurs, ou celles qu’ils avaient prises eux-mêmes, sans que personne ait songé à les accuser de contradiction, parce que ce changement était justifié par celui des événements qui auraient rendu dommageable à l’Église ce qui lui avait été avantageux. Or, les circonstances où se trouve Benoit XV vis-à-vis du Gouvernement français sont entièrement différentes de celles où se trouvait Pie X, quand il eut à se prononcer sur les Cultuelles. Il se trouvait en face d’un Gouvernement sectaire, du Gouvernement de M. Combes, qui venait de rompre brutalement avec lui et, méconnaissait son autorité à ce point de ne pas lui avoir fait part de la rupture de ce traité synallagmatique que l’on appelait le Concordat. Etait-il