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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 59.djvu/867

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Ces chiffres sont assez suggestifs pour se passer de commentaires. Le ministère des Finances a bien fait subir au projet de budget de la Marine d’assez sérieuses compressions. Celui-ci a été ramené à 600 millions environ pour le budget ordinaire, et à 130 millions pour le budget extraordinaire ; soit, au total, une somme de 730 millions. Mais ces réductions ont été faites par des gens si peu avisés de la situation, qu’ils l’ont aggravée au lieu de l’améliorer, car elles ont porté sur les dépenses productives du département, et non sur les services parasitaires ; si bien que le budget de la Marine, tel qu’il est sorti des discussions, peut être comparé à un être rachitique, doué d’une vie somnolente et ralentie, incapable d’agir, incapable même de se mouvoir. Un des membres éminents de la Commission des Finances a qualifié devant nous le budget naval de « budget alimentaire ; » c’est bien en effet l’épithète qui lui convient. La seule philosophie qui s’en dégage, c’est qu’on a voulu ouvrir les crédits nécessaires pour satisfaire aux exigences d’un nombreux personnel aux prises avec les difficultés de la vie chère. Les réductions du Ministère des Finances conduisent à ce résultat que la Marine militaire prévoit des crédits importants pour des dépenses dont le caractère d’urgence n’est pas démontré, et, au contraire, ne demande pas les crédits indispensables pour achever dans des conditions de célérité voulue les travaux qu’elle a entrepris.

Nous connaissons maintenant le chiffre du débit de la Marine : 730 millions. Quel est maintenant son crédit ? Essayons de juger ce bilan, non en technicien, mais en financier soucieux de dégager les résultats effectifs d’une gestion qui, en somme, est comparable à toute gestion de société. Car la Marine a un but industriel. Ce but est de construire et d’armer des navires. Et tout d’abord, que construit-elle ?

Hélas ! la réponse est facile à donner. L’on se borne à achever les petites unités commencées avant la signature de l’armistice, savoir : l’Enseigne-Gabolde, trois sous-marins type O’Byrne, le sous-marin Pierre-Callot, et le sous-marin Paul-Chaillet. Il est vrai que l’on prévoit au budget extraordinaire l’achèvement de petits patrouilleurs. Nous n’en parlerons que pour regretter de voir ces navires sur le chantier.

La politique suivie par l’Etat-major général dans ces dernières années dénote à cet égard un véritable esprit