appelait, en leur temps, les sept péchés capitaux. Une pourtant amadouait la sévérité des censeurs ; M. Charlier cite de petits vers où un méchant poète dit que la Gabrielle du roi Henri est
Comme fut sa mère jadis,
Et les cousines et les tantes,
Hormis Madame de Sourdis.
Un autre poète vante la chaste loyauté, le maintien débonnaire et le pudique regard de cette Isabeau, sœur d’Astrée. Ronsard ne vante que sa beauté ; il la compare au Printemps, qui n’est point une saison chaste. Plus tard, le vieux chancelier Hurault de Cheverny s’éprit de la belle Isabeau, devenue pareille à l’automne. Et l’on raconte que M. de Sourdis, les ayant surpris dans l’intimité, « les réprimanda de ce qu’ils n’avaient pas fermé la porte. » On raconte aussi que Mme Isabeau guidait sa nièce Gabrielle et, par ses complaisances, fit la fortune de son ménage : son mari obtint le gouvernement de Chartres, et son fils le chapeau de cardinal. Mais, auprès d’Astrée, Isabeau est une sainte.
Il était dit que le masque allait tomber du visage d’Astrée. La découverte de M. Charlier n’est que d’hier. Mais, en 1914 déjà, Françoise Babou de la Bourdaisière, dame d’Estrées, après des siècles de silence et d’oubli, se manifeste dans un livre de M. Pierre de Vaissière consacré à la famille d’Alègre. M. Pierre de Vaissière ne soupçonnait pas que cette Françoise fût Astrée ; mais il l’avait rencontrée auprès du marquis d’Alègre et maîtresse de ce marquis.
Elle avait épousé en 1559 Antoine d’Estrées, bientôt grand maître de l’artillerie. Elle eut, pour l’un de ses premiers amants, un jeune Randan, qu’elle mit « très bas ; » et puis le très attrayant Louis Béranger, seigneur du Gua. M. du Gua était ami de Brantôme et de Ronsard et favori du duc d’Anjou autrefois, maintenant favori du roi. Or, Marguerite de Valois, détestant Mme d’Estrées, la désignait ainsi : « Voici la bien-aimée du capitaine ! » Elle ne disait pas : la bien-aimée ; elle avait un rude langage. Mme d’Estrées, jouant sur les mots, répondait : « Il vaut mieux l’être du capitaine, en somme, que du général ! » Mais, le 31 octobre 1575, environ cinq ans après que Ronsard écrivait les Sonnets et madrigals pour Astrée, M. du Gua fut tué par M. de Vitteaux, comme il était au lit et qu’un valet, dit le maréchal de Bassompierre, lui « faisait les ongles des pieds. » Le Roi commanda, pour son favori, des funérailles magnifiques et bientôt l’oublia. M. de Vitteaux était un assassin fieffé. Huit ans plus