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Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 6.djvu/107

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la guerre arrête la fabrication, tout en accroissant les besoins, s’adresse au Japon et l’on voit les Roumains, pour refaire leur outillage, commander des machines au Japon. On a bu, en Angleterre, de la bière japonaise. Les États-Unis sont parmi les meilleurs clients du Japon qui leur vend du thé et de la soie ; un droit ad valorem de 45 p. 100 n’empêche pas les soies tissées au Japon d’entrer en abondance dans les Etais de l’Union. Les Japonais se préoccupent de conquérir les marchés de l’Amérique latine et leur activité inquiète les Yankees. Au Mexique surtout, les Nippons invoquent une plus ou moins authentique parenté de sang avec les anciens Aztèques pour se présenter en cousins forts et riches, capables d’aider les Mexicains dans leur résistance à l’influence économique et politique de leurs puissants voisins. Un accord a été conclu par lequel les chantiers du Japon devaient fournir au Mexique quatre grands vapeurs et quatre caboteurs ; les équipages seront mexicains, mais instruits par des Japonais. Il est question d’installation d’usines japonaises au Mexique, d’achats de terres en Californie mexicaine. Déjà, dans la haute Amazonie péruvienne, des Japonais ont acheté de vastes étendues inexploitées. La grande compagnie de navigation Nippon-Yusen-Kaisha pousse ses constructions navales, multiplie ses lignes ; aussitôt après l’armistice, elle a prolongé jusqu’à Hambourg ses services bimensuels ; les autres compagnies rivalisent avec elle. L’essor de la navigation commerciale au Japon a donc largement profité de la guerre. A tous points de vue, l’expansion économique de l’Empire du Soleil Levant a fait un bond formidable en avant.

Mais la paix troubla la fête. La concurrence reparut. L’Angleterre, pressée par la nécessité de reconquérir ses marchés, y appliqua toute son énergie. Le 24 novembre 1919, aux Communes, sir F. Hall et quelques-uns de ses collègues se firent l’écho des inquiétudes des Chambres de commerce. La visite à Manchester du baron Goto, suivi d’une délégation japonaise, ses paroles rassurantes, ne parvinrent pas à effacer l’impression des faits ; il fallait lutter pour rendre à l’Angleterre les facultés d’exportation indispensables à sa vie. — En Chine, le boycottage des produits japonais fit éprouver de grosses perles aux négociants. Enfin, au Japon même, les conditions du travail se modifient par la hausse des salaires et l’abaissement de la durée du travail. Il s’en faut d’ailleurs que l’égalité avec les