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ont embauché trop de personnel, fabriqué trop de machines et d’articles de tout genre qui, la guerre finie, ne trouvent plus assez de débouchés, car les concurrences reparaissent, même celle de l’Allemagne[1], les besoins diminuent et le change, s’il avantage la monnaie japonaise, lui ferme aussi bien des marchés. La situation très brillante du commerce japonais pendant la guerre n’a pas pu se maintenir ; après la trop subite et trop grande prospérité, la crise est venue. Si le pays s’est enrichi, la dette publique s’est accrue de 260 millions de yens depuis 1914, et l’émission de papier monnaie s’est enflée de plus de un milliard. Le budget de 1921, le plus gros qu’on ait jamais vu, atteint 1 360 000 000 de yens. Les dépenses militaires n’ont jamais été plus fortes, tandis que l’essor du commerce est arrêté ; de jour en jour le Japon trouve moins de facilités pour l’écoulement de ses produits fabriqués ; les États-Unis ne lui achètent presque plus ses soies grèges et le nationalisme chinois cherche, avec l’aide des Américains et des Européens, à créer, en Chine, les industries indispensables à un grand pays. Ainsi l’avenir du commerce nippon apparaît précaire. Pour un grand développement industriel, le charbon manque ; la main-d’œuvre est abondante, mais de qualité médiocre. On se demande avec angoisse comment subvenir aux besoins grandissants d’une population toujours plus nombreuse et toujours plus affamée. La prospérité de l’Empire nippon inquiétait les Américains, les Australiens, les Canadiens, les Chinois surtout ; ils redoutaient que l’expansion se muât en conquête, comme il est arrivé en Corée ; mais la crise économique qui ferme les débouchés sans atténuer les besoins apparaît plus alarmante encore ; un État fortement armé et, jusqu’ici, toujours victorieux, peut être tenté d’ouvrir par la force les portes qui se ferment et de recourir à la guerre préventive L’Allemagne a, surtout parmi les militaires japonais, un petit clan très remuant d’admirateurs. L’armée et la marine sont en bonne condition ; l’alliance avec l’Angleterre subsiste. Les hommes d’Etat japonais sont prudents et expérimentés ; ils savent où mènent les témérités de la méthode allemande ; ils sont

  1. Importations d’Allemagne au Japon pendant le 1er trimestre de 1921 : 437 500 livres sterling, plus ce qui passe par les ports et les bateaux hollandais, Les Hollandais ont ouvert, en 1918, un service bimensuel de paquebots entre Java et San-Francisco par Singapore, Hong-Kong, Nagasaki, Yokohama, Honolulu Deux cents instituteurs allemands ont été envoyés récemment dans l’nsulinde. Par le gouvernement de La Haye.