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Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 6.djvu/370

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gauloise, puisqu’ils ont été aveuglés ultérieurement sous le pavement de caves romaines. Les deux sources principales du plateau jaillissant aux deux extrémités, à l’Est et à l’Ouest, il fallait bien à ceux qui en occupaient le centre un moyen de s’alimenter sur place pour faire face aux nécessités journalières.

Cette cité de huttes possédait assurément des ruelles et des rues ; il est inutile de dire qu’il n’en a pas été trouvé la trace, sauf celle d’une grande voie, qui traversait sans doute le plateau dans toute sa longueur ; elle est faite d’une bande de rocher grossièrement aplani, large d’environ cinq mètres ; les sillons creusés par les roues des chariots s’y distinguent nettement ; elle réunissait les deux portes principales ménagées dans la muraille d’enceinte.

De cette muraille même on a reconnu quelques restes aux deux bouts du champ des ruines, d’une part auprès de la statue de Vercingétorix, où elle a été en partie démolie lors de l’érection du monument, et du côté opposé, au quartier dit « La Croix Saint-Charles. » Et c’est bien en présence d’une muraille gauloise qu’on se trouve. César nous a nettement expliqué comment les Gaulois construisaient les murs de leurs villes ; ils disposaient alternativement des lits de poutres et des lits de pierres, « procédé, dit-il, qui n’a rien de désagréable à l’œil et qui, de plus, est très avantageux pour la défense et la sûreté de la place, les pierres garantissant le mur du feu et le bois du bélier ; car on ne peut ni renverser ni même entamer un enchaînement de poutres de quarante pieds de long, la plupart reliées entre elles dans l’intérieur. » Or le mur découvert à la Croix Saint-Charles était bâti suivant cette méthode : les fouilleurs ont ramassé un certain nombre de grands clous, tombés au pied de la muraille, qui supposent naturellement la présence de poutres où ils étaient enfoncés ; de plus, les assises de pierres présentaient entre elles des vides que remplissaient jadis des poutres aujourd’hui pourries.

Ce qui reste de l’Alesia pré-romaine nous la montre donc très différente des cités qui existaient en Grèce ou dans le monde romain, beaucoup plus primitive. C’est bien de la sorte que M. Jullian se figure et nous dépeint les villes gauloises. Elles devaient ressembler, dit-il, aux grandes cités de l’Afrique centrale où, derrière les levées ou les palissades de l’enceinte,