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d’archéologie française, qui, hier, tenait son congrès à Metz, pourra utilement renouer ses relations presque centenaires avec les Sociétés savantes, les historiens et les mythographes de la rive gauche. Pour mener le combat contre les hiérophantes de la Mythologie envahissante du Nord, l’école des légendaires alsaciens saura développer ses traditions de science exacte et lumineuse. Et surtout il nous faudra, écrivains ou professeurs, encourager les dévouements locaux à la légende et à l’histoire, et organiser l’effort patient des obscurs chercheurs des villages et des villes du Rhin.

Que les divinités du Walhalla retournent dans les pays où elles sont chez elles et qu’à nouveau elles laissent le champ libre aux figures indigènes, que la fantaisie rhénane avait fait sortir de sa vie, de son rêve, de ses aspirations les plus sûres !


Messieurs, aujourd’hui, nous venons d’étudier dans le folk-lore du Rhin et dans des survivances aussi fragmentaires que les burgs ruinés, les incarnations profondes, mais non quotidiennes, de l’esprit rhénan. Nous avions le devoir de manier la baguette de coudrier au-dessus de ces sources cachées. Ces formes primitives des sensibilités ne sont jamais mortes, mais sommeillantes. Dans la leçon prochaine, nous nous tournerons vers des activités plus apparentes, en abordant l’organisation religieuse rhénane et particulièrement l’aide que la France lui a donnée.


MAURICE BARRES.