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reprend qu’au début d’août, par une nouvelle attaque d’Aïntab. Les principaux efforts se sont depuis lors concentrés autour de cette ville.

De plus, des colonnes sont demeurées sans cesse nécessaires pour protéger la voie ferrée du Bagdad, et dégager nos postes fréquemment attaqués. Ainsi les troupes françaises n’ont pas connu de repos depuis janvier. Mais, grâce à leurs efforts, il a pu être formé devant les Turcs, qui se flattaient de réoccuper Aïntab, puis Killis, et de pousser même jusqu’à Alep et Alexandrette, un rempart solide, à l’abri duquel les populations de l’intérieur, rassurées, viennent à nous et s’installent sous notre protection.

V. — L’ORDRE NOUVEAU EN CILICIE

En même temps, un gros effort allait être fait en Cilicie pour y établir notre prestige, pour tenter de trouver une solution à un conflit chaque jour plus coûteux et que les dispositions du traité de Sèvres rendaient plus vain, puisqu’elles prévoyaient le retour de la Cilicie aux Turcs.

Logiquement, ces promesses auraient dû ramener les Kémalistes à des sentiments plus conciliants ; leur principale crainte à notre égard était dissipée, alors qu’ils considéraient les Anglais comme restés maîtres de Constantinople, et que les Grecs, leurs adversaires principaux, avaient pris sur la route d’El Afioun Kara Hissar l’initiative d’opérations offensives dans lesquelles l’armée de Smyrne ne fut arrêtée dans sa marche sur Angora que par un télégramme d’Athènes. Mais c’est le moment où les tractations avec les Bolchévistes donnent au parti national turc l’espoir d’une aide effective de l’armée rouge, où l’entente réalisée avec les Italiens assure aux Kémalistes une garantie de plus. Ils demeurent donc résolument nos adversaires.

Aucune conciliation directe n’étant possible, le général Gouraud décide alors d’agir politiquement et militairement pour résoudre le problème.

Dans l’ordre politique, il proclame notre intention de ne pas prolonger une lutte inutile, puisque l’objet principal est d’avance acquis à nos ennemis ; le retour de la Cilicie à la souveraineté ottomane est déjà fixé par le traité de Sèvres. Il donne également à l’élément turc l’impression que nous ne demandons qu’à