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devait dans cette branche nouvelle réaliser quelques-unes de ses plus remarquables inventions.

Le problème de la mesure exacte du temps l’avait toujours préoccupé. En dehors de considérations théoriques profondes, il apporta aux anciennes méthodes de mesure des perfectionnements remarquables. Les procédés mécaniques d’entretien du mouvement de pendule introduisaient d’inévitables perturbations, ! Il y substitua un procédé électrique beaucoup plus parfait, fondé sur la décharge d’un condensateur : la force n’agit que pendant un temps infiniment court et au moment même du passage de l’instrument par la verticale : elle laisse le mouvement inaltéré.

Mais sa contribution la plus importante à l’astronomie est le cœlostat. C’est une invention moins connue du public, mais qui mérite d’être placée au même rang que l’électromètre capillaire ou la photographie des couleurs : telle est la trinité qui portera à la postérité le nom de Lippmann.

On sait que l’aspect du ciel étoile change incessamment au cours des heures de la nuit, la voûte céleste paraissant tourner autour d’un axe idéal, l’axe du monde. D’où la nécessité, pour suivre les astres, de donner aux télescopes un mouvement approprié. Une autre solution consiste à observer les objets célestes dans un miroir mobile, animé d’un déplacement convenable. Un des dispositifs les plus employés est le sidérostat dans lequel l’image d’un seul astre est fixe, les autres points du ciel semblant tourner autour de lui. Bien plus parfaite est la solution imaginée par Lippmann dans le cœlostat ; c’est le ciel tout entier qui paraît immobile. Josué arrêtait le soleil dans sa course. Il semble qu’ici un photographe surnaturel ait arrêté le ciel même, en prononçant les mots fatidiques : « Ne bougeons plus ! »

Lippmann augmenta encore la portée de cet admirable instrument en imaginant sa méthode des éclairs pour déterminer les heures des passages des étoiles au méridien. L’image photographique de l’étoile est accompagnée du trait fourni par une fente lumineuse et un collimateur : la plaque est donc rigoureusement repérée par rapport à une source terrestre sans aucune intervention d’un opérateur toujours plus ou moins faillible. La pose peut être prolongée à volonté. Le cliché porte la trace non seulement des étoiles visibles à l’œil nu, mais d’une multitude d’autres : « Aucun observateur en chair et en os, remarque