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13 octobre 1913.

... Organisations on profondeur formant centres de résistance. En 1re ligne, des guetteurs et des mitrailleuses, sous abris à l’épreuve les uns et les autres. En 2e ligne, des ouvrages solides, fermés, points d’appui des contre-attaques. C’est sur ce type, conformément aux instructions du Grand Quartier Général, que j’ai monté la défense de l’Argonne.

Résultat : les petites attaques ennemies sont en général enrayées sur la première ligne ; les grosses attaques réussissent il occuper la première ligne quand elle a été écrasée par un bombardement intense ; elles ne peuvent aller au delà Les blessures et les morts ont diminué des deux tiers au moins. Les soldats sont les premiers à le proclamer.

Tout l’intérêt est maintenant dans les Balkans ; si l’on marche comme il faut de ce côté, cela pourrait bien amener des événements décisifs.


13 octobre 1915.

Il faut se dire que l’espèce humaine est loin d’être parfaite ; les hommes de caractère sont extrêmement rares. Il en a toujours été ainsi. Les faiblesses, les écrivains de valeur les ont stigmatisées : Napoléon, Vigny, Tolstoï... C’est comme cela ; c’est avec cette matière imparfaite qu’il faut travailler et réussir. « Ces bougres-là disait Napoléon, si on ne leur répétait chaque jour qu’ils sont des braves, ils f... le camp comme des lapins »... et tant d’autres.

Il faut se garder avec soin de tomber dans le pessimisme. A cet effet avoir une Foi supérieure. Foi en Dieu, en la France, en la victoire, en soi-même.

Ne pas oublier que les hommes sont sujets partout aux mêmes faiblesses. Les mêmes plaintes s’entendent et s’écrivent chez les Allemands. « On voit ses peines, dit encore Napoléon. On ne voit pas celles de l’ennemi, qui sont pires ! »

Il faut s’élever au-dessus de tout cela.

Quant à l’obéissance, voici ce que dit le Maître :

«  Un général en chef n’est pas à couvert par un ordre d’un ministre ou d’un prince éloigné du champ d’opérations et connaissant mal ou pas du tout le dernier état des choses.

« Tout général en chef qui se charge d’exécuter un plan qu’il trouve mauvais et désastreux est criminel.