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dominés par un sentiment de reconnaissance, quand nous envisageons les douleurs d’à côté de nous !

Ce sentiment, il faut savoir le cultiver : aucun n’est plus agréable à Dieu...

P-S. — Vu hier le général Foch : très optimiste. Les Allemands sont fortement gênés ; les Autrichiens flanchent ; les Russes se ressaisissent dans le Sud. Attaquent-ils ? on en doute, car ils savent qu’ils seront ramassés et qu’alors ce sera chez eux la déception dernière. Alors, offensive diplomatique ?... peut-être. Soyons prêts [1].


L’OFFENSIVE ALLEMANDE DE 1918


21 mars 1918.

Depuis l’aube, une violente canonnade gronde dans le lointain. L’attaque que les Anglais attendaient me parait on train. Je n’ai encore reçu aucun avis.

Midi. — C’est bien l’attaque. Les Anglais sont crevés sur un certain front de leurs lignes avancées. Attendons.


23 mars 1918.

Je vais sans doute m’engager bientôt et je vais avoir vraisemblablement une situation délicate et difficile pendant quelques jours. Ce n’est jamais commode de « rabibocher » des affaires quelque peu troublées. Mais j’ai confiance et Dieu m’aidera.

P. S. — J’apprends que la situation s’est fortement aggravée et mon rôle va être bien difficile.


26 mars 1918.

Ce ne sont pas des heures, mais des journées terribles que je passe, dans une bataille prise à mon compte en pleine défaite de nos alliés [2].

  1. En janvier 1918, la 3e armée fut relevée par les Anglais devant Saint-Quentin. Son état-major fut mis en réserve à Clermont d’Oise avec mission de préparer l’intervention des forces françaises disponibles dans l’hypothèse d’une offensive allemande sur le front britannique, — hypothèse qui se réalisa le 21 mars.
  2. Le 22 mars, au lendemain de la rupture du front britannique, le général Humbert avait reçu l’ordre de prendre le commandement des troupes alliées comprises entre l’Oise et la région de Nesle et la mission d’arrêter la progression de l’ennemi en direction de Compiègne et Paris.