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Tantôt la situation se rétablit d’un côté, mais cela craque ailleurs ; pendant qu’on répare cette brèche, il s’en forme une autre, et voilà déjà quatre jours que cela dure ! Et ce n’est pas fini !

Des unités nouvelles arrivent, sont consommées, remplacées.

J’espère toujours que nous finirons par briser cette formidable ruée qui va vers son but sans se soucier des pertes colossales subies.

Mais que de pertes, que de ruines, que de souffrances ! Enfin, Dieu aidant, la victoire paiera tout cela.


28 mars 1918.

Bonne journée aujourd’hui. Enfin, je commence à les tenir. Leurs attaques répétées ont trouvé le bec et même nous avons commencé à attaquer. Et on recommencera. Maintenant, je suis sorti de l’angoisse et j’ai la conviction que tout cela tournera mal pour les Boches.


31 mars 1918.

La bataille, aujourd’hui, s’est quelque peu ralentie après notre beau succès d’hier [1].

Je ne sais si je suis trop optimiste, mais il me semble que les Boches ont échoué dans leur entreprise ; si je ne me trompe, cela aura de grandes conséquences.


3 avril 1918.

L’ennemi, devant moi, se fait silencieux et se cache. Qu’est-ce que cela signifie ? A-t-il des difficultés ignorées, est-il à bout de souffle ? En tout cas, cela nous permet de nous renforcer et de préparer notre revanche.

J’ai le sentiment qu’il a perdu la partie. Reste à profiter de cet échec pour lui asséner, à notre tour, un coup magistral. J’ai lieu de penser que c’est à cela que s’emploie le général Foch qui, maintenant, mène les affaires.


6 avril 1918.

On se prépare de part et d’autre pour de gros chocs. Qui sera prêt le premier ? J’ai fort à faire et il y a de la fièvre dans l’air. C’est la grande guerre. Mais le moral et la confiance sont au

  1. Le 30 mars, une attaque d’ensemble de la XVIII» armée (von Hutier) avait été brisée sur tout le front de l’armée avec de lourdes pertes. Le succès, marqué par les faits d’armes restés célèbres du Piémont et du Plessis de Roye, brisa définitivement l’offensive allemande sur Paris.