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plus haut, la présence de Foch galvanise les énergies et j’espère bien que des événements heureux et décisifs ne tarderont pas à se produire.

Mais quelle bataille ! Voilà quinze jours que cela dure !


21 mai 1918.

... Le généralissime supérieur, c’est Dieu ; il choisit les hommes pour des desseins à Lui. Il n’y a qu’à se conformer à ses intentions. Chose curieuse : l’autre jour, Clemenceau et moi avons échangé des aphorismes latins sur cette matière, identiquement conformes !

Ici nous nous préparons toujours... mais on voudrait bien que les Boches se décident à attaquer... [1]


9 juin 1918 [2].

Quelle dure journée ! La bataille a commencé à minuit ; il est neuf heures du soir et elle dure toujours. Bien que mon centre ait fléchi, la journée serait bonne si elle se terminait, mais des masses allemandes affluent de toutes parts et mes réserves sont presque toutes dépensées... et la nuit n’arrive pas ! Ces heures sont longues. Demain je m’attends à plus rude besogne encore. Réussirai-je cette fois encore à arrêter l’ennemi ? Cela tient à un fil !

Les Boches consentent à des pertes effroyables ; leurs meilleures divisions sont exterminées, mais il en arrive d’autres...

Espérons, mais que Dieu nous aide !


12 juin 1918.

Bonne journée ! Non seulement le Boche a été contenu partout, mais il a été à son tour fortement bousculé. Le général Mangin qui m’a été envoyé a mené une vigoureuse attaque qui coûta cher à l’ennemi et l’a quelque peu refoulé.

Que sera demain ? Espérons. Mais que de deuil«, que de malheurs à la suite de batailles si acharnées !

  1. A cette époque, le général Foch avait prescrit à la 3e armée de se préparer à passer à la contre-offensive en direction de Roye, sur le flanc de la « poche » de Montdidier.
  2. Le 9 juin 1918, la XVIIIe armée allemande (von Hutier) passa de nouveau à l’offensive sur tout le front de l’armée Humbert. Compiègne lui avait été fixé comme premier objectif. Après deux jours de bataille, l’attaque fut définitivement brisée. La contre-offensive fameuse du général Mangin, le 11, affirma la victoire de nos armes.