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1re armée, vient d’attaquer également au Sud-Est de Montdidier.

Demain matin, à mon tour, je pousse sur Ressons-sur-Matz et Boulogne et, si ça colle, je continue, mais je ne suis pas étoffé pour une attaque générale ; seule ma gauche est en état de progresser. Il est vrai que le Boche peut y mettre du sien, alors...

Je suis ravi de ce que tu me dis du moral de ta division. C’est d’ailleurs à l’unisson du sentiment général : quel renversement de la situation !

Dieu veuille nous aider demain à l’heure H : quatre heures vingt ! 1[1].


31 août 1918.

Les opérations de la 3e armée ont eu cela d’intéressant que leur ampleur a été tout imprévue. Tous les moyens avaient été répartis entre mes voisins de gauche et de droite. Ma mission se bornait à une opération de portée limitée : la crête de Lataule, un gros coup de main. Heureusement, j’avais tout monté pour profiter de l’occasion qui s’est d’ailleurs offerte. Grâce à l’élan des divisions de gauche, l’exploitation éventuelle a porté l’aile de l’armée, le 10 août, à 12 kilomètres de son point de départ, 2 ou 3 000 prisonniers, butin énorme ; ayant ainsi gagné du champ vers le Nord, j’ai pu, dès le lendemain matin, commander : « face à l’Est, en avant partout ! »

Ce sont les divisions de secteur qui ont ainsi mené la bataille, exemple de ce que pourra être la bataille finale, si l’on sait oser et vouloir.

Et voilà comment nous avons été amenés à reconquérir ce dur massif de Thiescourt, le Plessier, Lassigny, etc.

Il y a eu de rudes journées où le Boche, se ressaisissant, se battait désespérément ; la crête Ecouvillon, Attiche, Chéry a été particulièrement dure, et cela continue. L’enlèvement de Noyon, le forcement du canal du Nord, l’escalade du mont Saint-Siméon ont été également des opérations très brillantes et très coûteuses.

Mais les troupes qui se battent depuis le 10 sont harassées ; les effectifs sont fortement diminués : entre 2 et 3 000 hommes de

  1. Le 10 août, la 3e armée passe à son tour à l’offensive, progresse de 12 kilomètres, enlève 3 000 prisonniers et 46 canons, ouvrant ainsi la série d’opérations qui devait la mener à nouveau jusqu’aux abords de Saint-Quentin.