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pertes par division. Aujourd’hui, nous avons à peine progressé et les contre-attaques sont de plus en plus puissantes.

Je vais employer la journée de demain à souffler et à préparer de nouveaux assauts. Si seulement on m’envoyait quelques unités reposées ! Je sens qu’un effort plus vigoureux briserait cette résistance, malgré la force des organisations défensives où elle se cramponne. Enfin, il faut croire que les disponibilités sont plus utiles ailleurs...

Bref, je suis très satisfait de ce que nous avons fait et qui a quelque peu étonné, parce qu’on ne s’y attendait pas, mais je voudrais bien avoir les moyens d’exploiter plus vigoureusement ces succès. Mais il faut s’élever au-dessus de son propre horizon, voir les ensembles. Quel changement depuis six semaines ! La victoire est en train...

... Les Anglais se sont enfin déclenchés ; les Américains piaffent et sont toujours aussi généreux : la bataille continuera donc...


8 septembre 1918.

... L’affaire si coûteuse du Chemin des Dames ne peut avoir d’autre conséquence que de faire ventouse ; résultat efficace d’ailleurs, qui a sûrement facilité l’opération anglaise et l’offensive des 1re et 3e armées. Pour nous, nous arrivons vannés sur la ligne Hindenburg et, tout comme en mars 1917, on nous enlève notre artillerie pour la porter ailleurs. Nous allons donc stopper, à moins que la bataille américaine n’amène un décrochage général du Boche.

Je n’ai d’ailleurs pas de regrets acrimonieux ; j’ai ma manière de voir, mais, ainsi que je le disais à Clemenceau tantôt, je m’en remets avec sérénité à celui qui voit l’ensemble et qui d’ailleurs mérite toute notre confiance. Il ne faut jamais essayer de substituer aux idées des chefs son propre projet.

J’ai promené, ce matin, Clemenceau à Noyon et Chauny. Les ruines de Noyon sont impressionnantes, mais le Président est rayonnant, enchanté de la situation partout, plein de confiance. Au sujet de l’emploi des Américains, il est de mon avis ; mais il n’y a qu’à s’incliner devant certaines exigences dont la réalisation peut d’ailleurs avoir de grands effets. Nous verrons cela d’ici peu. Pendant que ces affaires se dérouleront, nous soufflerons, pour repartir d’un pied léger, si cela va bien.