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celles-ci introduites dans les équations du mouvement de la Relativité généralisée donnent précisément et exactement les forces centrifuges de la mécanique classique.

L’ensemble des masses de l’univers viendrait-il à disparaître ? L’espace sensible alors disparaîtrait lui aussi, de même que ses champs de gravitation. Les forces centrifuges ne sont donc pas liées à une inertie provenant du corps tournant lui-même, mais elles proviennent de l’action gravitationnelle de l’ensemble des masses de l’univers, action que déclenche la rotation du corps tournant par rapport à ces masses. La manifestation de ces forces est ainsi ramenée à des causes observables. Les forces centrifuges, cessant d’être des forces fictives comme le croyait la science classique, deviennent des forces visibles, sensibles du moins ; elles sont ramenées aux forces de gravitation.

Par suite de l’invariance générale des lois physiques, nous devons admettre que les mêmes forces doivent se manifester lorsque notre système de repères est immobile et que l’univers tout entier tourne autour de lui. Tel est le sens de cette affirmation. D’après le principe de la relativité généralisée, on peut aussi bien considérer la terre comme tournant par rapport au ciel étoile immobile, que le ciel étoile comme tournant par rapport à la terre immobile.

Ces deux cas sont, cinématiquement et dynamiquement parlant, identiques et indiscernables. Si nous faisons tourner à la main un de ces petits manèges minuscules pour bébés qu’on voit aux fêtes foraines, cela ne signifiera nullement que, pour le « relativiste » assis sur le cheval de bois, le faible effort qui a mis en branle ce manège a suffi pour imprimer un mouvement de rotation à l’univers tout entier. Ce que croit le relativiste, c’est que la mise en marche du manège a déclenché, a libéré des forces de gravitation qui prennent naissance uniquement dans le système de coordonnées tournant par rapport à l’ensemble des masses de tout l’univers, et nullement dans celui-ci.

C’est de la même manière, ou d’une manière analogue que nous sommes conduits à penser que partout où nous voyons se manifester des effets dits d’inertie, il s’agit en réalité d’effets gravitationnels de l’ensemble des masses de l’univers. Donnons un coup de pied dans un ballon. Celui-ci acquiert une certaine accélération par rapport à l’ensemble des masses de l’univers. Cette accélération (comme ferait un mouvement de rotation)