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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 11.djvu/173

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La preuve est qu’en refaisant la seconde expérience que nous venons d’imaginer avec des appareils ultra-sensibles que ne possédait pas Newton, et notamment avec cette merveille de délicatesse qu’est la balance de torsion, on constate, on observe, et on mesure aujourd’hui l’attraction, — indécelable du temps de Newton, — d’une masse, même faible, sur une autre masse voisine.

Ce qui est logiquement vrai de l’attraction doit l’être de la force centrifuge. Rien ne prouve que, si le vase de Newton avait pesé quelques millions de tonnes, on n’aurait pas observé qu’il produisait une force centrifuge agissant sur l’eau par rapport à laquelle il tournait. Dans le dessein de mettre en évidence, de manifester, si possible, les forces gravitationnelles centrifuges entrevues par Mac à et calculées par Einstein, il importe donc de reprendre l’expérience du vase tournant de Newton, avec des moyens à la fois beaucoup plus puissants et beaucoup plus sensibles.

C’est ce qu’ont tenté certains physiciens, et notamment MM. B. et J. Friedländer. Ceux-ci ont employé dans leurs essais une balance de torsion ultra-sensible à laquelle était suspendue une aiguille, et qui remplace l’eau du vase newtonien. A la place du vase lui-même, ils ont étudié, comme masse tournante, les plus grandes masses en rotation rapide que l’on puisse trouver pratiquement, et qui sont les immenses volants métalliques de certaines usines métallurgiques et électriques.

Si ces masses en rotation produisent des forces centrifuges sensibles en leur centre (de même que l’ensemble des masses éloignées réparties sur la voûte céleste), il doit s’ensuivre, lorsqu’elles tournent, que l’aiguille suspendue, près de l’axe du volant, à l’équipage ultra délicat de la balance de torsion, doit être dévié. Les expériences de B. et J. Friedländer faites en 1896, — et très peu connues des physiciens, — ont fourni un résultat négatif en ce sens que les erreurs et perturbations expérimentales n’étaient pas inférieures aux effets positifs observés. A cette époque, nul ne soupçonnait qu’on dût posséder quelque jour les équations par lesquelles Einstein a précisé les forces centrifuges ainsi créées. Dans los expériences relatées, l’effet produit est trop faible pour être observable, conformément à ces équations, parce que la masse du plus grand volant dont on puisse disposer est trop faible vis à vis de l’ensemble des masses de l’univers.

Il n’en est pas moins vrai que c’est dans ce sens qu’il convient