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de chercher, — et qu’on trouvera quelque jour, — la démonstration expérimentale des forces centrifuges engendrées en son centre par une masse enveloppante tournant autour de ce centre, ou par rapport à laquelle ce centre tourne.


Pour finir, et avant de conclure, je voudrais examiner brièvement une objection qui a paru émouvoir quelques savants non encore entièrement familiarisés avec les subtiles profondeurs des théories einsteiniennes.

Voici : puisqu’il revient au même de dire que la terre tourne au centre de la voûte étoilée ou que celle-ci tourne autour de la terre, arrêtons-nous un instant à cette seconde manière de voir et supposons, comme Ptolémée, les astres tournant autour de la terre immobile. Ils font ainsi un tour complet en 24 heures. Or, on connaît la distance de beaucoup de ces astres et notamment des planètes. Par exemple, vers la fin de l’année passée, les distances de Jupiter, de Saturne, d’Uranus et de Neptune à la terre étaient respectivement égales à environ cinq fois, dix fois, vingt fois et trente fois la distance de la terre au soleil (qui est elle-même environ 150 millions de kilomètres). On en conclut facilement que si les astres tournent autour de la terre immobile, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune (à ne considérer que leurs distances à la fin de 1921) parcouraient alors respectivement, de par ce mouvement de rotation géocentrique, des distances croissantes avec leur éloignement de la terre et qui atteignaient, pour Saturne 100 000 kilomètres par seconde, pour Uranus 200 000 kilomètres par seconde et pour Neptune 400 000 kilomètres par seconde (plus que la vitesse de la lumière).

Si des planètes nous passons aux étoiles, même les plus rapprochées, nous arrivons à des résultats encore bien plus fantastiques. L’étoile la plus rapprochée est au moins 200 000 fois plus loin de nous que le soleil. On en déduit facilement que, pour expliquer le mouvement diurne de cette étoile autour de la terre immobile, cette étoile doit parcourir chaque seconde une distance égale à plus de sept mille fois la vitesse de la lumière dans le vide (qui est, rappelons-le, de 300 000 kilomètres par seconde). — Et alors, voici l’objection : N’y a-t-il pas là quelque chose d’absolument inconciliable avec la théorie de la relativité, puisque, selon celle-ci, il ne peut exister dans la nature de