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vitesse supérieure à celle de la lumière ? Eh bien ! cette objection n’est qu’un malentendu. La théorie de la relativité restreinte dit seulement qu’en un point donné de l’univers aucune vitesse ne peut dépasser celle qu’y possède la lumière ; elle dit en un mot qu’aucune vitesse servant à la propagation d’un effet matériel ne peut dépasser celle de la lumière. Mais, dans la théorie de la relativité généralisée, la lumière ne possède nullement une vitesse constante et égale à cette quantité qu’on a pris l’habitude de désigner par le symbole c ; la valeur de la vitesse de la lumière en un point quelconque de l’univers est une variable qui dépend de la valeur du champ de gravitation en ce point, et des quantités qui caractérisent ce champ de gravitation par rapport à un système de coordonnées non euclidien. Ceci permet de déterminer d’un point quelconque de l’espace la vitesse que possède la lumière en un autre point quelconque de l’espace.

Considérons, par exemple, la vitesse que possède un rayon lumineux près de la surface du soleil. Un observateur placé au même point que la fraction de rayon considérée trouverait avec ses règles et ses pendules qu’elle possède toujours la même vitesse c. Mais un observateur placé sur la terre mesurant la même vitesse avec des méthodes dérivées des mêmes instruments trouvera que la vitesse du rayon diminue à mesure que celui-ci se rapproche du soleil. Et c’est ce qui produit l’incurvation,— effectivement observée, — des rayons lumineux, lorsqu’ils passent près du soleil.

Bref, ce qu’il importe de ne jamais oublier, c’est que la relativité restreinte ne s’applique qu’à chaque région limitée de l’univers, là où le champ de gravitation peut être considéré comme constant ou comme nul. Mais dès qu’on considère un observateur placé très loin de la chose observée, c’est la relativité généralisée qui doit entrer en ligne, car elle seule tient compte de l’intervention, variable avec les lieux, des champs de gravitation. La relativité généralisée est l’extension de cette théorie localement vraie qu’est la relativité restreinte. La première seule doit être invoquée, à l’exclusion de la seconde, dès qu’on considère des observations portant sur des phénomènes tels que le champ de gravitation n’est j)as le même là où est l’observateur et là où est la chose observée. C’est ce qu’ont oublié les physiciens qui ont émis l’objection que nous venons d’examiner.

Ce qui reste, c’est que, dans la théorie généralisée, comme