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Lille, se syndiqueront pour faire l’emprunt. Chaque commune faisant partie du syndicat devra prendre la responsabilité de l’emprunt. Le syndicat devra veiller également à ce qu’il y ait, dans la banlieue, des moyens de paiement, par délivrance de bons qui seront garantis par le syndicat même.

Ensuite, le syndicat sera chargé de soigner, par l’intermédiaire de l’autorité allemande, le ravitaillement des communes, ainsi que de régler la question du charbon. Avant que je prenne des mesures de rigueur pour la rentrée des contributions, je veux donner aux communes l’occasion de créer volontairement un syndicat de ce genre.

Je me réserve de procéder contre les communes qui n’auront pas donné leur adhésion au syndicat ; en particulier, il sera impossible de faire à ces communes des livraisons en vivres et en charbon.


Devant cette injonction, les maires de 32 communes de la région se réunissent à la mairie de Lille, et repoussent à l’unanimité la suggestion allemande. Le syndicat intercommunal en question ne peut se constituer qu’avec l’approbation formelle du Gouvernement français, et seulement pour des travaux d’utilité publique. Le syndicat qui se créerait sans cette autorisation n’aurait aucune valeur légale, et, dans ces conditions, il serait impossible de trouver des emprunteurs, l’emprunt n’étant gagé sur aucune garantie.

Le paiement de la contribution ne s’exécute que très incomplètement. Aussi le gouverneur allemand de Lille s’impatiente et recommande un autre moyen plus grave, qui atteint cette fois la propriété privée. Voici l’injonction adressée le 23 janvier 1915 à la ville de Saint-André :


On dit que les habitants ne peuvent faire davantage et que, justement, les riches se sont enfuis. Ces derniers ont cependant en général des dépôts d’argent dans les banques, et c’est à la Ville de se rapporter à ces biens. Rien n’empêche aussi de vendre des objets d’art ou des papiers de valeur pour racheter la contribution de guerre, au cas où il y aurait manque absolu d’argent liquide. Le produit de cette vente viendra en déduction de la somme des contributions de guerre.


Retenons ce conseil, qu’à notre tour nous pourrions donner à l’Allemagne pour payer les frais de l’occupation dans la région du Rhin : réquisitionner ses litres étrangers, ou se faire de l’argent avec les œuvres d’art des musées de Berlin, de Dresde ou de Munich...

Devant l’attitude des communes sans ressources qui se