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des lavabos plus nombreux s’imposent aussi, de même qu’une buanderie qui permette le lavage du linge. Les nouveaux règlements qui vont être mis en pratique rapprocheront davantage l’officier de ses hommes, et on peut espérer qu’il en résultera des progrès devenus nécessaires. Fait nouveau pour moi, la télégraphie sans fil nous maintient en liaison constante avec la terre, et trois fois par jour un long message de la Croix d’Hins (près de Bordeaux) ou de Lyon nous met au courant de tous les événements survenus dans le monde.


LA MARTINIQUE


20 juin.

A travers des grains, que nous traversons rapidement, nous apercevons les côtes de la Martinique : de noirs îlots rocheux, quelques plages de sable jaune orange, des villages aux toits de chaume, des montagnes couvertes de luxuriantes forets d’un vert éclatant, avec, parfois, la tache régulière d’un champ de cannes à sucre.

A sept heures du soir, nous mouillons devant Fort-de-France et le ciel, qui se découvre tout d’un coup, nous montre une ville pavoisée, comme tous les bâtiments en rade. La chaloupe du Gouverneur, M. Gourbeil, accoste bientôt ; il monte à bord et dînera avec nous, ainsi que les autorités qui l’accompagnent. Les présentations sont faciles, car j’ai connu M. Gourbeil au Sénégal, qu’il a administré avant la Cochinchine, d’où il vient ; nous convenons de mon emploi du temps pendant la semaine que je puis passer à la Martinique.

Le 21, à huit heures, le Jules Michelet hisse son pavillon et salue de vingt et un coups de canon la terre, qui répond de même. Puis je débarque. Sur le môle m’attend la municipalité de Fort-de-France que conduit son maire, M. Louis Saint-Cyr. Il me harangue et exprime les sentiments les plus patriotiques dans un beau et chaleureux langage. Je passerai sur ses éloges très exagérés, mais je ne puis taire le témoignage de la reconnaissance que me vaut ma campagne pour l’utilisation des troupes noires en Europe ; il lui attribue les articles de la loi de 1913 rétablissant le service de trois ans qui a étendu les obligations militaires aux populations des anciennes colonies. C’est grâce à moi, dit-il en substance, que les noirs ont été considérés comme