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Les jours suivants viennent l’inspection des troupes et des bâtiments militaires, la visite des arsenaux et bassins de radoub, enfin l’étude de la défense. Le nombre des hommes incorporés est faible, si on le compare à celui des recensés ; cela tient d’une part au climat et à certaines maladies endémiques, d’autre part à la sévérité de nos conseils de révision. Le développement de la culture physique dans les Antilles améliorera certainement beaucoup la race ; dès maintenant, on constate les résultats obtenus dans certaines écoles et ils sont très encourageants. Le contingent est mieux qu’utilisable, mais il a besoin de quelques précautions sanitaires dans l’incorporation et au départ pour la France : faute de ces précautions, et par le manque d’information de nos médecins, il y a eu quelques surprises au début : il n’y en a plus, et tout porte à croire qu’il n’y en aura plus. Les recrues gagnent à vue d’œil dès qu’elles sont acclimatées à la vie en commun et aux exercices militaires ; elles sont pleines de bonne volonté. Mais le nombre des illettrés est très considérable, et à tous égards un sérieux effort s’impose à l’école primaire.

Les vieilles fortifications sont inutilisables contre la puissance de l’artillerie moderne ; toute illusion à cet égard serait dangereuse. Toutefois, pour détruire ces fortifications, des calibres assez puissants sont nécessaires, avec des approvisionnements en munitions qui représenteraient un transport considérable. Mais ce n’est pas dans de tels moyens que repose la défense : elle doit se faire active, mobile, agressive...

Nous ne pouvons chercher à mettre la Martinique à l’abri certain d’une attaque conduite par une flotte puissante et bien approvisionnée et d’un corps de débarquement outillé à la moderne. Mais il est indispensable que ce point d’appui ne puisse être insulté par une escadre de croiseurs démodés : la rade est belle et tentante, les bâtiments de commerce qui s’y réfugieraient ne doivent pas être à la merci d’un petit armement. Nous pouvons arriver à ce résultat avec un très faible effort, sans fortifications coûteuses. Cela fait, et les trente mille réservistes instruits une fois armés, il faudrait que l’ennemi eût un intérêt absolument capital pour s’aventurer dans une entreprise de cette importance.

Les bases navales, les points d’appui de la flotte, donnent à la France la possibilité d’utiliser dans toutes les mers du monde les positions admirables qu’elle tient de sa longue histoire et