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donnent à son alliance, en toute occasion, une très grande valeur : Fort-de-France est le débouché du canal de Panama et même des autres canaux qui pourraient le doubler et réunir les deux Océans. Même si nos amis n’y songeaient point, c’est à nous de prévoir, à leur défaut, comme il arrive trop souvent.

Les militaires malades sont traités dans un ancien établissement militaire transformé en hôpital civil devenu hôpital mixte. Le maire m’accompagne et je lui demande comment il a pu conserver des religieuses de Saint-Vincent de Paul, malgré les directions très nettes de la métropole : « Nous avons fait la sourde oreille, me dit-il, mais c’était pour nos malades. Nous savons bien que rien ne remplace les sœurs de Charité. Pourtant, il y a eu un moment où il était bien difficile de les garder... — Du temps où les Français ne s’aimaient pas ? — C’est cela. » Il me présente, en même temps que le Directeur de l’hôpital, la sœur supérieure, maîtresse femme qui possède visiblement une autorité douce et sans réplique. Aussi l’établissement est-il admirable de tenue et de propreté. Par ailleurs, la salle d’opérations, toute neuve, possède tous les perfectionnements modernes, et les malades sont soignés parfaitement, quelle que soit leur origine ou leur maladie. Il parait impossible d’adoucir davantage les souffrances humaines et j’emporte de ma visite une impression vraiment réconfortante.

Je ressens la même au lycée, où j’indique aux jeunes gens à l’air éveillé, intelligent, décidé, la nécessité de préparer toutes leurs facultés à la lutte de la vie, et aussi à l’accomplissement des devoirs militaires. L’instruction et l’éducation les désignent pour former les cadres de la nation aussi bien en guerre qu’en paix, et leur devoir est de devenir des officiers de réserve prêts à toutes les éventualités. Les écoles laïques et les écoles libres montrent à tous les degrés une belle jeunesse pleine d’espérances.

Un mot du Jardin d’Essai, établi dans une ancienne plantation où le bon goût a conservé les anciens bâtiments, derniers vestiges d’une organisation presque entièrement disparue : il fournit aux habitants, soit gratuitement, soit à des prix minimes, des plantes de toute sorte, surtout caféiers, cacaoyers et manguiers greffés, et rend ainsi les plus grands services.