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Vais-je pleurer demain sur le seuil de ma porte ?
Je ne sais... Je saisis ce que le jour m’apporte.
Je vais d’un pas léger entre les oliviers.
Où sont les biens hier de mon cœur enviés ?
Douceurs qu’on n’attend pas et qui sont les meilleures !...
C’est comme un chant d’oiseaux au réveil de six heures...
C’est comme si la terre et la mer et le ciel
N’étaient qu’une chantante et blonde ruche à miel...
C’est comme dans un parc une source d’eau vive...
C’est comme si c’était la peine que je vive...


PLUS TARD, COMME CE SERA DOUX...


Plus tard, comme ce sera doux à ta mémoire !...
Ce soir délicieux qui ne veut d’autre gloire
Que de combler le cœur et les rêves humains,
Cette longue lumière, où les pâles chemins
Ont l’air, d’une façon tout à fait naturelle,
De pénétrer l’azur, tant l’azur devient frêle.
Cette étoile qui luit au-dessus du clocher,
Comme pour indiquer que c’est lui, le Berger
Qui mène vers le ciel les maisons qui moutonnent,
Le doux dévidement de ces eaux monotones
Que la fontaine laisse avec le temps couler,
Ce petit vent si haut qu’il fait juste trembler
La cime des lauriers sans émouvoir les roses,
Ces parfums, ces propos, toutes ces simples choses,
Tout ce qui collabore au couchant d’un beau jour,
L’air calme, l’amitié, la lumière, l’amour,
Et surtout cette voix d’enfant, qui, minuscule.
Comble l’immensité pourtant du crépuscule,
Tout cela qui n’est rien, mon Dieu, que de banal,
Plus tard... un jour... plus tard... en un soir hivernal.
En quelque jour d’ennui, de deuil ou de souffrance,
En quelque nuit où se voilera l’espérance.
Tout cela qui n’est rien, mon Dieu, lorsque c’est là
Comme ce sera doux et déchirant, cela !...