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REVUE SCIENTIFIQUE

SPIRITISME, MÉTAPSYCHIQUE, ECTOPLASME

Il y a quelques mois, — mes lecteurs ne l’ont peut-être pas oublié, — analysant sommairement ici même le magistral Traité de métapsychique du professeur Richet, j’étais arrivé à cette conclusion qu’il n’y a, dans les phénomènes dits métapsychiques, dont l’existence est supposée et affirmée par certaines personnes, rien qui puisse être rejeté comme impossible a priori. L’argumentation des hommes qui, — comme Babinet, — se sont refusés non seulement à expérimenter, mais à examiner même ces phénomènes en arguant qu’ils étaient contraires aux principes bien établis de la science, cette argumentation ne me parait nullement convaincante, pour la bonne raison qu’il n’y a dans la science nul principe, si bien établi qu’il paraisse, qui ne soit, à chaque instant du présent et de l’avenir, justiciable de l’expérience, « source unique de la vérité. » Le professeur Richet a cent fois raison d’affirmer que les phénomènes dits métapsychiques, si leur existence est prouvée, ne doivent pas plus être rejetés par ceux qu’ils étonnent que la télégraphie sans fil ou la téléphonie ou la radiographie ne doivent être considérés comme inexistantes, sous prétexte qu’elles eussent paru invraisemblables à maints contemporains de Louis XIV.

Je crois donc que parler, à propos des phénomènes métapsychiques, de « faits extraordinaires que la raison rebelle se refuse à reconnaître » (ainsi que disait récemment un magistrat éminent, M. Maxwell, qui a beaucoup étudié ces problèmes) ne procède pas d’un état d’esprit véritablement scientifique. Il n’y a aucun fait, si fait il y a, que notre raison rebelle puisse se refuser à reconnaître, puisque les faits sont la seule chose sûre pour l’homme de science.