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du mensonge » et il ajoute (retenez ceci) : « Fraudes et mensonges existent et sont indéniablement possibles [1] ; mais ils sont insuffisants et ne comptent réellement pas, en face des phénomènes sérieusement mis en avant par des observateurs compétents. »

Ceux qui n’ont lu de Sir Oliver Lodge que ses admirables mémoires de physique ne liront certes pas sans un profond étonnement les textes qui viennent d’être cités et ils comprendront immédiatement comment peut se transformer la manière de voir et de sentir d’un savant célèbre pour ses travaux expérimentaux, dès que du domaine physique on passe au domaine métapsychique.

Qu’il s’agisse du radium, de la relativité, de la nature de l’inertie mécanique, Sir Oliver Lodge a souvent examiné et discuté des hypothèses différentes des siennes propres et qui tendent à rendre compte des faits. Mais je défie bien qu’on trouve que, dans aucun de ses mémoires de physicien, il ait jamais songé à dire que ceux qui émettaient des hypothèses différentes des siennes « se diminuaient ; » je défie qu’on trouve qu’il ait jamais qualifié l’une de ces hypothèses de « facile et paresseuse. » Ce langage, cette passion eussent trop répugné à son caractère de physicien britannique.

Et ceci montre avec évidence qu’il est des physiciens, même parmi les plus grands, qui cessent d’avoir la mentalité nécessaire à tout homme de science, dès qu’ils abordent la métapsychique. De cela nous verrons un autre exemple curieux lorsque nous arriverons aux expériences médiumniques de Crookes, de cet autre célèbre physicien anglais, à qui la science est redevable des tubes à vide élevé qui ont révolutionné la physique moderne.

Le professeur Richet a naturellement répliqué à la réponse de Sir Oliver Lodge dont nous venons de citer quelques passages. Voici le passage le plus topique et la conclusion de cette réplique.

« Lodge dit : La mémoire survit à la mort ; mais quelle autre preuve en donne-t-il que l’affirmation des médiums, qu’ils soient X... ou Y... ou Z... et qu’ils nous apportent quelques souvenirs très imparfaits, très incomplets d’X... , d’Y... et de Z... La théorie spirite est d’une apparente fragilité ! Elle a contre elle l’étroit parallélisme du cerveau et de la mémoire, de même que l’évidente animalité de l’intelligence humaine. Elle n’a pour elle que deux vraisemblances bien chétives : c’est d’abord l’affirmation des médiums qu’ils sont telle ou telle personnalité, et ensuite la présence chez le médium de

  1. C’est moi qui souligne. (Ch. N.)