Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 11.djvu/471

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelques rares indications, informes, spéciales à la personnalité disparue. Nous n’avons nullement le droit de dire que ce sont des souvenirs.

« Donc, jusqu’à ce qu’un commencement de preuve m’ait été apporté, je regarderai la théorie spirite comme une hypothèse de travail, médiocrement vraisemblable, commode et peut-être utile pour l’étude des phénomènes. Mais voilà tout.

« Lodge croit que la théorie spirite est vraie ; je crois qu’elle n’est ni démontrée ni même probable. Mais cela ne nous empêchera, ni l’un ni l’autre, de faire les mêmes expériences, car ni Lodge, ni moi nous ne faisons des expériences pour condamner ou justifier une théorie. Nous observons et nous expérimentons pour connaître, pour savoir. »

Dans une dernière réplique au professeur Richet, Sir Oliver Lodge vient d’affirmer qu’il reste entièrement sur ses positions. On pouvait le prévoir. Il conclut d’ailleurs en ces termes, auxquels chacun ne peut que souscrire : « Cultivons, en attendant, notre jardin et cherchons la vérité sans crainte ni parti pris. »

Cela est parfait, mais à condition de ne pas accuser d’avance de « se diminuer » les chercheurs de vérité, sans crainte, ni parti pris qui d’aventure pourraient arriver à une conclusion théorique différente de celle de Sir Oliver Lodge, voire de celle du professeur Richet. De toute cette intéressante controverse entre deux hommes éminents qui, chacun dans sa sphère, ont contribué puissamment au progrès de la science, ce que nous voulons retenir c’est une leçon de tolérance mutuelle, c’est la nécessité de communier dans la recherche désintéressée de la vérité, c’est le respect de tous les sentiments, de toutes les illusions mêmes, de tout ce qui n’est pas erreur volontaire, fraude et dol.

Il convient de remarquer d’ailleurs, en passant, que la controverse entre Sir Oliver Lodge et le professeur Richet n’est qu’une reprise, sur un plan nouveau, — sur le plan métapsychique, — de la vieille querelle éternelle entre spiritualistes et déterministes, entre animistes et matérialistes.

Ce qui nous importe surtout dans tout cela, ce qui importe à la liberté de notre exposé, c’est que les phénomènes métapsychiques peuvent être examinés indépendamment de l’hypothèse spirite.

Il est heureux qu’il en soit ainsi. Cela contribuera à dissiper des confusions, trop répandues. Un journaliste, M. Paul Heuzé, a récemment publié les résultats d’une intéressante enquête qu’il a faite