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Ils étaient renfermés dans des étuis en coutil qu’on nous avait délivrés la veille de notre départ. Pour pouvoir les attacher sur nos sacs, on nous avait prescrit de nous procurer des courroies, sans fixer leur longueur ni leur couleur, de sorte que c’était une vraie bigarrure. Les frais de transport étaient à notre charge et devaient coûter 20 centimes par jour. Chaque compagnie avait sa voiture ; nous étions libres de retirer nos sacs à l’arrivée au gite.

26 janvier. — Depuis Paris, j’avais pris l’habitude d’aller lire dans un café un journal politique pour me tenir au courant du nouveau du jour. C’est ainsi que j’appris à Avallon que nous nous rendions à Milan pour assister au couronnement de Napoléon comme roi d’Italie.

10 mars. — A Milan, terme de notre voyage et de nos fatigues. J’étais bien portant, bien satisfait de goûter un peu de repos et de me trouver dans la capitale de la riche Lombardie, caserne dans la citadelle ou château de Milan, célèbre dans les fastes militaires de nos différentes guerres. Dès notre arrivée, les officiers, sous-officiers et soldats de la garde royale italienne vinrent nous inviter à dîner pour le jour même. Nous, chasseurs, nous fûmes avec les chasseurs à leur caserne, où nous trouvâmes dans une vaste cour de nombreuses tables très bien servies pour un repas de soldats. Ce banquet donné par nos cadets fut gai, et très brillant par la multitude de personnes de haute distinction qui y assistèrent comme spectateurs. Elles voulurent jouir de ce beau coup d’œil, de la franche concorde qui y régna, et de cette joyeuse et belle réunion qui devait cimenter l’alliance des deux peuples.

8 mai. — Deux mois après notre arrivée, l’empereur Napoléon fit son entrée solennelle dans la capitale de son nouveau royaume. Cette prise de possession fut magnifique. Les troupes de la descente d’Angleterre bordaient les rues où il passa à cheval au milieu des gardes d’honneur, brillamment costumées, que toutes les villes du royaume avaient envoyées pour être représentées dans cette circonstance et assister au couronnement. Deux divisions de cavalerie ordinaire et une de cuirassiers précédaient et suivaient le cortège de l’Empereur qui réunissait tous les officiers généraux et d’état-major de l’armée française en Italie. Je vis à la tête des troupes le général en chef de cette armée, le vainqueur de Fleurus, le maréchal Jourdan, ainsi