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de la République don Carlos Herrera, auquel je témoigne l’affection et la sollicitude du Gouvernement et du peuple français pour sa nation et pour lui-même.

Il me répond dans les meilleurs termes et, au nom du Président Millerand, je lui fais présent d’un vase de Sèvres.

Puis nous nous rendons à l’hôtel de ville, au milieu d’une foule compacte et enthousiaste. Le premier alcade, brun, grand, un peu fort, avec de grands yeux lumineux, m’adresse alors en espagnol un discours d’une magnifique envolée ; mon second, M. Dupeyrat, par le cette langue comme un Espagnol qu’il est de naissance, car il a vu le jour à Séville : il me traduit sommairement, à voix basse, les principaux passages, car je dois répondre immédiatement ; mais comment ne pas trop profondément déchoir après l’expression d’idées si hautes sur la mission providentielle de la France ? « Chaque fois que la divinité, dit l’alcade, veut répandre dans le monde une idée généreuse, elle la fait germer dans le cerveau d’un Français. » Et il maudit les barbares qui ont voulu éteindre le grand flambeau.

L’heure nous appelle au Champ de Mars, où je passe en revue les troupes de la garnison ; je salue leurs drapeaux et elles défilent. Le soldat guatémaltèque est généralement de race indienne ; petit, râblé et pourtant nerveux, l’air vif et absorbé par l’exécution consciencieuse des mouvements ordonnés par ses chefs, il rappelle le soldat japonais. Après avoir assisté à quelques manœuvres, j’observe des tirs réels à la mitrailleuse et au canon, très précis. Enfin un avion de modèle anglais nous survole, piloté par un officier français.

Puis le Président me conduit à l’Ecole Polytechnique militaire, où s’instruisent les élèves officiers de toutes armes. Nous constatons la correction des manœuvres et le commandant Contresti, chef de la mission militaire française, m’indique les cours et les conférences qui servent de base à l’instruction des officiers guatémaltèques.

Enfin un grand déjeuner de 200 couverts m’est offert à l’Ecole par le Président de la République, qui, dans son toast, rappelle que la République guatémaltèque a déclaré la guerre à l’Allemagne. Il se félicite que le Gouvernement français ait bien voulu l’envoyer saluer par un des généraux de son armée victorieuse et se réjouit du triomphe du Droit et de la Liberté.

Le Président espère que l’amitié entre les deux Républiques