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se resserrera à l’occasion de ma visite et qu’un certain nombre de questions seront résolues, qui permettront les échanges économiques actuellement encore assez difficiles. Je lui ai répondu que ses sentiments étaient partagés par le Gouvernement français et que les petites difficultés auxquelles il faisait allusion seraient très prochainement tranchées à l’avantage commun des deux Républiques.

Pendant ces deux jours, j’ai assisté à plusieurs réunions dans les diverses légations et j’ai été reçu avec une cordialité particulière à la Légation d’Angleterre. J’ai constaté la place excellente que tenait le chargé d’affaires de France près du Gouvernement guatémaltèque, parmi ses collègues et dans le monde de la capitale.

Enfin j’ai visité les œuvres françaises. Les hospices, hôpitaux et orphelinats sont tenus par les sœurs de Saint-Vincent de Paul, qui font là une œuvre admirable : « Nous sommes arrivées huit en 1875, m’a dit la supérieure, nous sommes maintenant trois cents, mais ce nombre est bien insuffisant pour toutes nos œuvres. » Leur contact avec toute la population est permanent et toujours bienfaisant ; elles soignent des malades qui se renouvellent sans cesse, elles élèvent des petits enfants dont les générations se succèdent, et constamment elles se montrent d’admirables Françaises dont l’inaltérable dévouement se prodigue souvent jusqu’à l’héroïsme, sans aucun espoir de récompense en ce monde. Y a-t-il une propagande qui vaille celle-là ?

Leurs élèves récitent des fables et des compliments en français et chantent la Marseillaise, et c’est beaucoup. Mais ce n’est rien à côté du spectacle quotidien que donne constamment la vie de ces saintes filles.

En visitant l’hôpital de Guatemala, je constate la belle tenue de cet établissement modèle, qui serait admiré dans tous les pays d’Europe. Le directeur me fait remarquer que c’est par l’intermédiaire des livres français que les médecins de l’Amérique centrale prennent contact avec la science ; ils se réclament de nos maîtres, et plusieurs ont été directement leurs élèves à Paris.

Enfin je suis invité à visiter un cours de jeunes filles tenu par Mme Antoine Peyre, présidente de l’Alliance française : c’est le noyau d’un futur lycée français ; là les meilleures familles de la capitale envoient leurs enfants, qui reçoivent une éducation et un enseignement comparables à ceux des établissements de France.