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était d’un maniement difficile et supportait mal les travaux du canal à proximité de son cours ; il a été dompté par une colline artificielle de 3 kilomètres, large de 800 mètres à la base, de 30 au sommet ; non seulement le Chagres est dompté, mais il travaille pour ses maîtres : un grand déversoir en ciment armé peut ouvrir électriquement quatorze portes qui permettent l’écoulement du trop-plein et le maintien du plan d’eau à 26 mètres au-dessus du niveau de la mer ; l’une des portes, ouverte en notre honneur, nous a montré sa formidable cascade ; en même temps, une usine électrique utilise cette force énorme ; elle fournit à l’éclairage de tout le canal et à la manœuvre des 46 écluses dont les portes représentent un poids total de 54 millions de kilogrammes.

Tout le long du canal sont établis des postes de surveillance ; dans une grande pièce sont représentées la section du poste et les sections voisines ; les écluses sont figurées avec leurs portes de protection et leurs portes de manœuvre ; l’appareil est réuni à l’écluse par une commande électrique et automatiquement la réduction de chaque porte exécute les mêmes mouvements que la porte elle-même ; le surveillant a ainsi constamment sous les yeux la marche de la navigation dans son secteur.

Je revois à déjeuner sur le Jules Michelet les autorités panaméennes et américaines ; puis, le soir, un grand diner suivi de bal les réunit de nouveau sous le pavillon français.



13 juillet.

Nous appareillons à sept heures et nous entrons immédiatement dans le canal. Il faut trois écluses successives pour monter de 26 mètres au niveau du lac de Gatun. Pendant la manœuvre, le navire inerte est trainé et manœuvré par de petites locomobiles sur rails qui circulent le long de l’écluse. D’énormes pylônes dominent les voies, et l’ensemble de l’ouvrage est empreint d’un caractère de force qui n’est pas sans beauté.

Le colonel du génie Morrow, gouverneur de la zone américaine du canal, a fait éditer en français pour notre passage une petite brochure très claire Notes sur le canal de Panama, qui résume l’historique de cette grande œuvre et en donne les principales caractéristiques. Tirée à mille exemplaires, cette brochure fut distribuée à tous les hommes de l’équipage ; elle rend très largement