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pas de tromper la surveillance de leur prudent geôlier. Cet excellent M. de Bar, si précautionneux, n’y comprenait plus rien.


IV

Lorsque les princes avaient quitté Marcoussis, ils étaient préoccupés de la santé de leur mère qui s’était retirée au château de Châtillon-sur-Loing, chez sa cousine, Mme de Châtillon, et ils avaient demandé que leur transfert au Havre lui fût caché. Quelques jours avant leur départ, Conti lui avait écrit :


« Madame,

Lia continuation de votre mal me met en une peine que je ne puis vous exprimer. J’aurais au moins quelque consolation, si je vous pouvais rendre les services que je vous dois. Je vous supplie très humblement, Madame, d’être persuadée que je croirais ma vie bien employée, si je la pouvais mettre pour votre guérison, et que je serai éternellement, avec tout le respect, la passion et l’obéissance que je dois, votre très humble, très obéissant et très obligé fils et serviteur.

ARMAND DE BOURBON. »


Vers le milieu de décembre, le Père Boucher, Jésuite, fut autorisé à pénétrer dans la citadelle. Il venait annoncer aux deux frères la mort de la pauvre femme.

Cette mort rendait les princes héritiers de grands biens, mais leur enlevait une alliée dévouée et puissante. Au début de la captivité, elle avait promis quatre cent mille livres pour le complot dont le succès avait tenu à si peu de chose. Le 27 avril 1650, elle était venue présenter une requête au Parlement. Postée dès cinq heures du matin avec sa sœur, la duchesse de Ventadour, avec sa cousine la duchesse de Châtillon, les marquis de Saint-Simon et de Fors, « au parquet des huissiers, à qui elle avait fait donner douze pistoles,» elle avait salué tous les conseillers et présidents qui entraient à la Grande Chambre, elle était « allée par toutes les Chambres des enquêtes, faisant la requête verbalement, disant qu’elle demandait justice contre le cardinal Mazarin, qui détenait injustement ses enfants et opprimait toute sa maison, et demandant sûreté dans Paris pour