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NOTES
SUR
L’ITALIE NOUVELLE

II [1]
DANS L’ITALIE DU NORD


MILAN

Milan, 1er octobre 1921. — S’il y a encore des gens, par impossible, pour ignorer ce que l’Italie comporte de puissance grave et réfléchie, qu’ils viennent passer quelques jours à Milan. Ces romantiques impénitents qui, dès qu’ils ont franchi les Alpes, cherchent les orangers et les citronniers sous un ciel toujours bleu, trouveront ici un rude climat, des brouillards aussi épais que ceux de Londres, si c’est l’hiver, un ciel implacable l’été. Ils seront emportés dans le mouvement d’une ville affairée, peu propice aux indolents et aux flâneurs. Ils verront passer les lourds camions chargés de soie, offrande qu’on porte en hâte aux divinités du lieu, qui sont le commerce et l’industrie : leurs temples sont les fabriques, les marchés, et les banques aux colonnes de marbre. Partout un air de force, d’opulence, et de grandeur ; non pas une de ces villes de province, où les gens enfermés regardent derrière leur rideau ; au contraire, une ville qui se souvient d’avoir été capitale et souveraine, et ne le cède

  1. Voyez la Revue du 15 août.