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UN PROGRAMME
DE
RÉNOVATION NAVALE

Avant même que le Pacte naval de Washington n’ait été discuté par notre Parlement, l’aiguille de roche du passage de la Teignouse, en ouvrant une brèche dans les flancs du cuirassé France, a fait du même coup un accroc sérieux aux clauses concernant la composition de nos bâtiments de ligne. Quoi qu’il en soit, ce traité n’en reste pas moins la charte d’organisation des marines mondiales. Comme il porte la signature de nos délégués, ses clauses nous lieront jusqu’au 31 décembre 1936. Examinons donc comment nous pouvons organiser nos forces navales avec les reliefs qui nous ont été laissés sur la table de la Conférence.

On sait qu’il existe trois éléments constitutifs d’une force navale : les unités de surface, les unités sous-marines, et les unités hydro-aériennes ; le traité a pris comme base de la puissance offensive d’une flotte le capital-ship, navire de sur- face qui réunit le maximum de moyens d’action, et dont on a fixé le tonnage à 35 000 tonnes au plus, le calibre de ses canons ne devant pas dépasser 406 millimètres. En conséquence, la Conférence a divisé le globe en trois zones, mises sous la dépendance respective de l’Angleterre, des Etats-Unis et du Japon, dans la proportion de 5-5-3. La France et l’Italie ont été reléguées au rang des marines secondaires. Quant aux autres nations, elles n’ont pas paru dignes de prendre part à la discussion, la marine allemande notamment, qui a son sort réglé par le Traité de Versailles. En définitive, ce qui ressort des délibérations