Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 11.djvu/665

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Washington, c’est la constitution de trois grandes masses navales susceptibles de passer à l’offensive, et de deux marines satellites qui ne pourront intervenir que comme appoint des flottes principales alliées, ou se tenir sur la défensive. Notre organisation navale devra tenir compte de cette double circonstance. Notre but devra tendre d’abord à organiser la défense de nos frontières maritimes et de nos colonies, ensuite, à entretenir des escadres de ligne susceptibles de venir au secours de nos amis si, ce qu’à Dieu ne plaise, il survenait un jour un conflit qui mit en présence les puissants antagonistes de Washington. Car nous serons obligés de ratifier l’accord naval. Une réserve, toutefois, devra être faite en ce qui concerne notre classement sur le même pied que l’Italie ; c’est ignorer que nous sommes à cheval sur deux mers, et que nous devrions éventuellement, — bien que ce soit une pure hypothèse, — diviser nos forces dans la Méditerranée et dans la mer du Nord.

La Conférence de Washington ne s’est pas seulement occupée des capital-ships. La France n’ayant pas accepté une limitation inférieure à 330 000 tonnes pour les bâtiments de surface légers et à 90 000 tonnes pour les sous-marins, la Conférence n’a fixé aucune limitation pour ces deux catégories de navires. Il est cependant sous-entendu que le tonnage de 330 000 tonnes pour les unités légères et de 90 000 tonnes pour les sous-marins, ne sera pas dépassé par la France, à moins qu’une des Puissances contractantes ne dépasse elle-même ce tonnage, ce qui nous rendrait notre liberté. En ce qui concerne les forces aériennes, l’accord naval a déterminé le tonnage des navires porte-avions à 135 000 tonnes pour l’Amérique et l’Angleterre, à 81 000 tonnes pour le Japon, à 60 000 tonnes pour la France et l’Italie. Mais le nombre et la caractéristique des appareils eux-mêmes n’est pas limité.

Tel est le cadre technique dans lequel nous devons nous mouvoir. Mais il est un autre ordre de limitation que nous devons envisager : c’est celui qui résulte de nos possibilités financières. En l’état actuel de la richesse publique et du change, le budget naval ne peut dépasser 1 200 millions ; le problème consiste donc, en tenant compte de ces doubles exigences internationales et budgétaires, à organiser notre « défensive navale, » de façon à répondre le plus parfaitement possible à notre politique étrangère et à nos besoins nationaux.