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présence de ses deux redoutables adversaires, la torpille sous-marine et la bombe aérienne à explosion retardée, est un peu incertain, nous estimons, avec lord Lee, premier lord de l’Amirauté, que le capital-ship demeure sans conteste « le, fondement suprême de la maîtrise des mers. » Cette opinion vient d’être confirmée par le Congrès des Naval architects qui s’est tenu en France dans le courant du mois de juillet. On s’est donc un peu hâté d’annoncer la faillite du cuirassé.

Dans ces conditions, on comprend dans quelle perplexité nous plonge la disparition de la France. Devons-nous avancer l’époque de mise en chantier de ce navire ? Il semble que nous puissions adopter l’une des solutions suivantes : sa construction immédiate, — une révision des mises en chantier autorisées par le pacte naval, afin de mieux grouper nos constructions et de donner une certaine homogénéité à notre première division de remplacement, — ou, enfin, construire des croiseurs de 10 000 tonnes aux lieu et place de la France dont le naufrage vient d’appauvrir notre flotte de plus de 150 millions. Quoi qu’il en soit, il importe dès maintenant de procéder à des études sérieuses au sujet du plan de ce futur capital-ship et de nous préparer des ressources financières pour assurer son entreprise éventuelle.

En attendant, il s’agit de donner à notre personnel un bon entraînement militaire sur les 6 cuirassés dont nous disposons ; et le maximum de puissance offensive à ces navires, quelque anciens qu’ils soient ; c’est à cet effet que le budget naval prévoit une refonte de nos 6 cuirassés de 23 000 tonnes ; cette refonte comporte l’installation du pointage centralisé des pièces de gros et de moyen calibre, et des canons contre aéronefs, une transformation de la portée de l’artillerie principale, de nouvelles installations de T. S. F. , de projecteurs, etc., des améliorations importantes touchant la sécurité du navire. Enfin, le remplacement des appareils de conduite et de tir anciens par des appareils répondant aux nécessités nouvelles. Si l’on en juge par les crédits qui sont demandés au budget de 1923, au titre des réparations de la flotte, soit 24 millions de salaires, et 30 millions de matières, rien que pour les constructions navales, ces refontes sont très onéreuses. Elles se justifient pour nos trois Bretagne, mais on peut douter qu’il soit bien nécessaire de les entreprendre sur les autres navires que nous devons déclasser dans quelques années.