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ligne plus de 65 appareils de guerre, alors que la Marine aurait besoin, à la mobilisation, de 900 appareils environ. Les seuls que nous ayons sont des appareils de chasse ou d’observation, non flottables, et des hydravions de reconnaissance et de bombardement de nuit. Nous ne possédons encore qu’en essai des avions de combat naval, c’est-à-dire des avions torpilleurs ou des avions de bombardement de jour. Nous devrions avoir à la mobilisation 175 avions de chasse environ, 90 avions d’observation, 150 avions de bombardement de jour, presque autant d’avions de bombardement de nuit, et une cinquantaine d’avions torpilleurs, et d’hydravions de haute mer ; c’est donc un programme considérable que nous devons entreprendre. Jusqu’ici, l’aviation navale a été sacrifiée au profit de l’aviation militaire ; celle-ci est sur le point de posséder 3 000 appareils ; le budget de l’aviation à la Guerre est de 247 millions, contre 37 au budget de la Marine. Il était assez naturel d’accorder la priorité à l’armée de terre ; mais lorsque celle-ci aura préparé sa mobilisation aérienne, le tour de la Marine viendra aussitôt [1].

Nous sommes amenés à préparer une véritable rénovation de notre matériel naval. Nous y sommes en quelque sorte acculés par suite des résultats de la Conférence de Washington. Trois nations, avons-nous dit, se sont partagé la maîtrise navale du globe. Puisqu’on n’a point fait une place à la France en proportion des intérêts qu’elle a dans le monde, il faut qu’elle se tourne résolument vers des plans nouveaux et vers une stratégie nouvelle. Nous devons être en mesure d’opposer aux capital-ships les armes qui peuvent leur rendre les mers inhabitables, c’est-à-dire les unités rapides, le sous-marin et l’avion. La Revue a eu souvent l’occasion de montrer l’efficacité du sous-marin ; cette efficacité grandit à mesure que les torpilles automobiles augmentent leur rayon d’action et leur capacité d’explosifs. Quant à l’aviation, l’emploi qu’elle peut faire de la bombe à explosion retardée, pesant de 1 500 à 2 000 kilos, permettrait à un avion de couler un cuirassé, s’il réussissait à taire tomber une bombe à quelque distance de sa coque. Enfin, toute une perspective nouvelle s’ouvre à l’avion torpilleur, qui peut s’approcher à une vitesse foudroyante d’une escadre et

  1. N’oublions pas d’ailleurs que les appareils d’aviation navale peuvent éventuellement être utilisés sur le front terrestre.