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lancer une torpille automobile en déclenchant à moins de dix mètres au-dessus de l’eau. Les expériences qu’on poursuit actuellement prouvent que les appareils gyroscopiques ne sont pas dérangés par la chute de la torpille, et que celle-ci peut suivre une trajectoire aussi rectiligne que si elle était lancée du pont d’un navire. Une escadre de capital-ships qui serait exposée de jour à la double attaque des avions et des sous-marins et de nuit à l’assaut répété des contre-torpilleurs trouverait sans doute que l’approche des côtes ennemies n’est pas sûre. Si nous parvenions ainsi à rompre le blocus de nos côtes, il nous serait facile de faire passer nos croiseurs rapides pour protéger nos convois de ravitaillement ou nos transports de troupes, et pour faire la course des navires marchands ennemis.

C’est pourquoi il est nécessaire de ne négliger aucun des éléments constitutifs que nous avons énumérés plus haut : croiseurs rapides, contre-torpilleurs, torpilleurs, sous-marins de grande patrouille, avions de chasse, d’observation et de bombardement, avions torpilleurs et hydravions de haute mer, sans oublier les dirigeables rigides dont nous possédons deux unités : le Dixmude, et le Méditerranée, et les dirigeables souples actuellement au nombre de 12 unités dans la flotte française.


Il est évident que ce plan de rénovation navale n’ira point sans de grosses dépenses, étant donné que nous sommes obligés de partir de zéro, ou à peu près. Le projet de budget qui est soumis actuellement à la Chambre des députés pour l’exercice 1923 prévoit un programme naval provisoire de 3 croiseurs de 8 000 tonnes, 6 contre-torpilleurs de 2 500 tonnes, 12 torpilleurs de 1400 tonnes, 6 sous-marins de grande patrouille, et 6 de petite patrouille, ainsi que la transformation du Béarn en navire porte-avions. Les dépenses probables totales pour réaliser ce programme se montent à 718 millions. En appliquant les coefficients de prix de revient par tonne de chaque catégorie de bâtiments au programme que nous envisageons pour l’avenir, nous obtenons les chiffres suivants 120 000 tonnes de croiseurs à 8 500 francs la tonne, soit un milliard, 13 contre-torpilleurs à 24 millions, soit 310 millions, 38 torpilleurs à 14 millions, soit 530 millions, ce qui fait revenir la flotte de surface à 1 800 millions ; il faudrait compter un milliard environ pour la flotte sous-marine,