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et un demi-milliard pour l’aéronautique : les avions torpilleurs ne coûtant pas moins de un million avec leur rechange. Si l’on ajoute à ces chiffres le prix de deux ou trois navires porte-avions et des transports d’avions, l’évaluation de ce programme, — non compris le remplacement du cuirasse France, — n’est pas inférieure à 3 milliards et demi, qu’il faudrait ajouter aux 700 millions du programme en cours de réalisation, soit, en chiffres ronds, 4 milliards. En prévoyant une annuité de 500 millions par an, le programme total pourrait être achevé en moins de huit années. Il faut espérer en outre qu’il y aura des moins-values sur les devis que nous venons d’indiquer.

Nous ignorons quelles seront les décisions du Conseil supérieur de la Marine, qui se réunit actuellement ; mais nous ne pensons pas que ses propositions soient bien différentes de celles que nous faisons nous-même. On prête à ce Conseil supérieur le dessein de faire des propositions distinctes pour la flotte de haute mer et pour la défense des frontières maritimes. Si cette distinction a simplement pour but d’établir un ordre de priorité en faveur de la première, nous ne saurions qu’applaudir à cette intention. Mais ce serait une erreur funeste que de vouloir couper la marine en deux tronçons en créant la flotte hauturière et la flotte côtière. Il n’y a en réalité qu’une seule et même marine, dont les regards ne doivent point se détourner de la mer. On a eu raison de donner à nos marins la défense des côtes, qu’un arrêté du 7 juin dernier vient d’organiser ; mais il ne faudrait pas que la rue Royale se laissât griser par cet héritage, et nous entraînât dans des dépenses inutiles pour la réfection des forts et batteries du littoral. La véritable défense des frontières maritimes est au delà de ces frontières ; les éléments constitutifs de cette défense, ce sont les navires dont nous venons de parler, notamment les contre-torpilleurs, les torpilleurs, les sous-marins et l’aviation. En dehors de ces éléments, il reste seulement à se préoccuper de constituer un approvisionnement de un millier de mines automatiques à 30 000 francs l’une, ce qui équivaut à une dépense de 30 millions. Quant à l’artillerie de côtes, elle doit être pourvue à peu de frais à l’aide des canons déclassés de notre flotte, et il n’est nullement nécessaire de procédera des installations coûteuses d’artillerie mobile.

On dit que le Conseil supérieur aurait l’intention d’établir un programme de défense côtière à longue échéance (17 ans), et