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chiffre n’a rien qui puisse nous effrayer, puisque les crédits alloués en 1914 pour les travaux neufs s’élevaient à 251 millions, ce qui représente presque un milliard de notre monnaie actuelle. Les crédits demandés pour cet exercice s’élèvent à 454 millions, alors que le budget total atteint 1 093 millions. Mais il est possible de diminuer assez sensiblement les dépenses concernant les frais généraux d’administration et d’entretien de la Marine militaire, qui figurent au projet de budget de 1923 pour 639 millions. La rénovation du matériel naval doit s’accompagner nécessairement d’une rénovation des méthodes administratives du département. Nous avons montré précédemment que les dépenses des arsenaux absorbaient le plus clair des ressources de la Marine, que les dépenses du personnel étaient trop élevées par rapport aux dépenses de matériel ; enfin, que les crédits consacrés à l’armement d’unités démodées étaient beaucoup trop importants.

Nous ne méconnaissons pas l’intérêt des résultats déjà obtenus par la rue Royale. Le ministre de la Marine a réussi à faire voter le programme complémentaire dont nous avons parlé plus haut, et qui permet d’infuser à notre flotte un sang nouveau. Il a déposé sur le bureau de la Chambre des députés un projet qui entraînera la suppression de certains organismes à terre inutiles, notamment de l’arsenal de Rochefort, de l’établissement de Guérigny, et d’une partie de l’arsenal de Cherbourg. D’autre part, on étudie au Conseil supérieur de la Marine un nouveau plan d’armement qui permettra de réduire les cadres en fonction du nombre des bâtiments restant armés. Ce ne sont là pour le moment que des ébauches de réforme. Pour ce qui est des arsenaux et des dépenses à terre, le ministre de la Marine a fait au Sénat des promesses positives ; or, le Parlement, toujours si prompt à critiquer les ministres, est en réalité le meilleur défenseur des abus. A peine le projet de réforme des arsenaux était-il déposé, qu’une centaine de députés se levaient comme un seul homme pour demander le maintien du statu quo, c’est-à-dire la survivance des gaspillages.

Dans ces conditions, le projet de budget de 1923 ressemble trop à son aîné ; il ne consacre point de réformes sérieuses et n’enregistre guère d’économies sur les frais généraux d’administration. Le chiffre des effectifs fixé à 53 000 hommes pour les équipages de la flotte n’est pas trop élevé en lui-même, mais il n’est pas