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parait ravi de ses nouvelles fonctions de père. Je voudrais bien que l’éloge de M. Renan à l’Académie lui fût confié : ce n’est pas impossible, la droite étant unanimement décidée à voter pour lui, par éloignement pour M. Berthelot ; mais il fait difficulté de se prêter à cette combinaison ; elle n’aura chance de réussir que si le spectre de Zola vient inquiéter trop vivement la famille et les amis de M. Renan, ce qui est à redouter, au cas où la lutte serait circonscrite entre lui et M. Berthelot. Boissier a résolu d’accepter la succession du Collège de France, qui lui sera sans doute offerte. Voilà les nouvelles de l’instant : vous pensez bien qu’on se remue beaucoup pour l’héritage d’Alexandre.

Encore une fois, je prie mademoiselle Geneviève de me plaindre : j’aurais tant voulu être son chevalier de l’alpenstock dans une ascension, eussé-je dû pour cela passer trente-six heures dans une cheminée, comme le monsieur d’Annecy dont l’histoire m’a fait frémir pour elle. Nous n’avions pas de semblables périls à redouter dans nos volcans, puisque nous avons eu la maladresse de les laisser éteindre : aussi les enfants se trouvent-ils très bien de leur saison de demi-montagne... Je me suis permis une fugue de quelques jours, queue des vacances, pour dérouiller mon fusil chez des amis et des parents, dans le Cher, d’où je vous écris. Demain ou après-demain, je serai revissé au bureau de la rue Las Cases, pour n’en plus bouger. On vous y attendra avec impatience, madame. Je serre la main à M. Taine, je présente mes hommages à la jeune et charmante alpiniste, et je vous prie de croire au profond dévouement de

Votre respectueux serviteur.

P.-S. — Galliffet, qui est de notre chasse, entre en coup de vent dans ma chambre [1] ; il veut que je me charge de ses compliments pour vous, et, pour mademoiselle Geneviève, des discours très galants qu’elle devine.


A la même.


Paris, 7 juillet 1893.

Madame,

Je me reproche de ne pas vous donner comme je le voudrais des marques fréquentes de mon respectueux attachement.

  1. Le générai de Galliffet (1829-1909). Voyez, dans les Routes, l’article d E.-M. de Vogué intitulé Galliffet.