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répondit : « Avec des hommes comme ceux-lii, il n’y a rien à craindre. »

Après le défilé, qui fut très bien exécuté, on mit à l’ordre du jour les témoignages de la satisfaction que l’empereur Alexandre avait plusieurs fois manifestée pendant les manœuvres.

28 juin. — Arrivée de Sa Majesté le roi de Prusse. J’étais en faction en bas des escaliers de la rue, quand l’empereur Napoléon vint le recevoir à la descente de sa voiture. Il lui prit la main, et le fit passer devant pour monter les escaliers. Ce n’était pas la réception du 26, c’était un roi vaincu qui venait demander un morceau de sa couronne brisée.

3 juillet. — Les négociations pour la conclusion de la paix presque terminées, les 2e régiments de chaque arme de la Garde reçurent l’ordre de partir le lendemain pour Kœnigsberg et ensuite pour la France. Cette nouvelle fut accueillie avec une grande démonstration de joie. La glorieuse paix qui venait d’être signée à Tilsitt nous dédommageait bien de tous les maux que nous avions soufferts, pendant ces quatre grandes, rudes et vigoureuses campagnes, mais nous n’en étions pas moins désireux de nous reposer un peu plus longtemps, de laisser aux râteliers d’armes nos lourds fusils et sur la planche nos incommodes sacs, sauf à les reprendre l’un et l’autre, si l’indépendance de la France réclamait nos bras et notre vie. Pour le moment, nous en avions assez.


RETOUR EN FRANCE

25 novembre. — A Paris. Entrée triomphale de la Garde.

La ville de Paris avait fait élever, près de la barrière du Nord ou Saint-Martin, un arc triomphal de la plus grande dimension. Cet arc n’avait qu’une seule arcade, mais vingt hommes pouvaient y passer de front. A la naissance de la voûte, et à l’extérieur, on voyait de grandes Renommées présentant des couronnes de laurier. Un quadrige doré surmontait le monument, des inscriptions étaient gravées sur chacune des faces.

Dès le matin, l’arc de triomphe était entouré par une foule immense de peuple. Arrivés de Rueil, vers neuf heures, nous fûmes placés en colonne serrée dans les champs qui bordent la route et le plus près possible de l’arc de triomphe en laissant la route libre pour la circulation.