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converti en siège. L’artillerie nécessaire pour battre en brèche l’avait précédé. Les travaux de sape commencèrent immédiatement. Le 20 avril (vendredi saint), la batterie fut démasqués et tira pendant trente-six heures sans discontinuer sur le mur d’enceinte. Mais pas assez armée ou peut-être trop éloignée, son effet fut médiocre ; malgré cela, l’assaut fut déclaré praticable. Il eut lieu le 21, à cinq heures du soir. Six compagnies d’élite, dont deux de notre 4e bataillon, furent chargées de cette terrible mission. Il fut long, meurtrier et incomplet. A cinq heures du matin, les assiégeants étaient retranchés sur la brèche sans que nous pussions pénétrer dans la ville par la difficulté des obstacles que notre troupe rencontra sur son passage. Toutefois, le commandant, quand le jour fut venu, demanda à capituler. On accéda à ses propositions et il fut convenu que la garnison sortirait le jour de Pâques à midi avec les honneurs de la guerre et qu’elle serait prisonnière de guerre.

Les pertes des Français furent très considérables, beaucoup trop, eu égard à l’importance de la place. Mais le commandant du 8e corps d’armée voulait faire parler de lui, il voulait conquérir, sur les murs de cette bicoque, un bâton de maréchal d’Empire. Nos deux compagnies eurent plus de cent hommes tués ou blessés, dont trois officiers de voltigeurs tués sur la brèche et deux de grenadiers blessés.

La matinée de Pâques fut employée à perfectionner les travaux, pendant qu’on parlementait, et à donner la sépulture à toutes les victimes de cette triste nuit. A midi, la garnison sortit avec ses armes, qu’elle déposa hors des murs ; elle était encore forte. Dans le nombre, il se trouvait cinq à six déserteurs français qui furent reconnus et fusillés sur le champ, sans même prendre leurs noms.

Le 15 septembre Barrès passe la frontière du Portugal, où notre armée, forte de 50. 000 hommes, était commandée par Masséna.

25 septembre. — Dans cette journée, nous fûmes attaqués assez vivement par un parti ennemi ; mais, vivement repoussé, il se retira après nous avoir tué et blessé plusieurs hommes.

Le lendemain, nous eûmes une alerte qui nous donna autant d’ouvrage que d’inquiétude. Le matériel que nous escortions était parqué sur une lande calcinée par les grandes chaleurs que nous éprouvions depuis notre entrée dans ce royaume désert. Le feu se mit à cette bruyère desséchée et lit de si grands progrès,