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Le matin de ce jour, commença notre mouvement rétrograde pour aller occuper les positions que la Grande Armée devait prendre pendant les cinquante jours de repos qui lui étaient accordés par l’armistice convenu entre les Puissances belligérantes.

18 juillet. — L’armistice, qui devait finir le 20 juillet, fut prolongé jusqu’au 15 août. La fête de l’Empereur qui se célébrait ordinairement le 15 août, fut rapprochée de cinq jours et fixée au 10. Pour lui donner tout l’éclat convenable et imposer à cette grande solennité un caractère en rapport avec les circonstances extraordinaires où la France et l’armée se trouvaient, de grands préparatifs furent faits à tous les quartiers généraux et dans tous les cantonnements.

Le 10 août, le corps d’armée se réunit dans une vaste plaine et fut passé en revue par son chef, le maréchal, duc de Raguse, qui, en grand costume, manteau, chapeau à la Henri IV, et bâton de maréchal à la main, passa devant le front de bandière de chaque corps. Après la revue, il y eut quelques grandes manœuvres et défilé général. Le corps d’armée, composé de trois divisions (Compans, Bonnet et Friederich), était remarquablement beau et plein d’enthousiasme. Sa force était de 27 000 hommes et de 82 pièces de canons.

Après la revue, tous les officiers de la division se réunirent à Gnadenberg pour assister à un grand dîner que le général de division donna dans le beau temple des protestants. On servit, sur un immense fer à cheval, trois chevreuils rôtis, entiers, se tenant sur les quatre jambes. Les amateurs de venaison bien faisandée purent se régaler, car ils empestaient la salle du festin.

Dans la soirée, on se rendit au quartier général où des jeux de toute espèce furent en activité. Ce fut une belle journée que devaient suivre de bien mauvais jours.


DRESDE

Barrès passe soixante-neuf jours au village d’Ober-Thomaswald. Reprise des hostilités. Les Autrichiens se sont joints à la coalition. Le 26 août, après une marche forcée, Barrès bivouaque à deux lieues de Dresde.

27 août. — Nous partîmes de notre position avant le jour, mais la route était si embarrassée de fantassins, de cavaliers, de