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œuvre nationale, dont l’enthousiasme manifesté par les Allemands dit assez la valeur, l’importance matérielle et le but pratique.

5° Les projets précédents seraient incomplets si la canalisation du Danube supérieur entre Ulm et Kelheim n’était pas réalisée d’urgence : aussi plusieurs plans ont-ils été dressés aux fins d’aménagement de cette section. Les Commissions compétentes n’ont pas encore arrêté leur choix. Cependant, il semble que sera plutôt retenu le projet consistant à organiser l’aménagement nécessaire sur une longueur de 170 kilomètres, par le moyen d’un canal latéral qui suivra le lit du fleuve et ne l’empruntera partiellement que sur 19 kilomètres de longueur : ce canal latéral passera alternativement d’une rive sur l’autre, donnera accès à des bateaux de 1 200 tonnes avec possibilité d’accroissement jusqu’à 1 500 tonnes. Un outillage de 14 écluses avec des chutes moyennes de 9 m. 20, et d’usines hydro-électriques fournissant environ 250 000 HP. et 1 million de kilowatts, compléterait cet ensemble qui coûterait, aux prix d’avant-guerre, environ 215 200 000 marks-or.

Un canal spécial relierait Munich et Augsbourg à cette voie nouvelle. Quoique aucune décision technique n’ait encore été prise publiquement, cependant le canal Ulm-Kelheim et l’embranchement Augsbourg-Munich, sont inscrits au programme de la Société Rhin-Main-Danube et figurent à son objet social. Les travaux sont donc décidés en fait, sinon précisés au point de vue du tracé à suivre.

6° Un canal Weser-Main se rattache tout naturellement à la grande voie d’eau Rhin-Main-Danube. Ce canal est l’objet d’une attention passionnée en Allemagne. En effet, le Weser est soustrait aux effets de l’internationalisation et demeure, aux termes mêmes des traités, une voie d’eau purement allemande, qui, au contraire du Rhin, échappe à Rotterdam et n’a de communication qu’avec les ports germaniques de Brème et de Hambourg.

Aussi, les études sont-elles conduites avec une sorte de fièvre nationaliste particulièrement âpre. D’autant que deux traces sont ici en compétition. Le premier, suivant la vallée de la Werra, relie Hannover-Minder sur le Weser à Bamberg sur le Rhin. Le second emprunte la vallée de la Fulda et peut, à volonté, soit rejoindre le premier tracé en amont d’Eisenaeh, soit se diriger directement sur Francfort. Il est inutile de dire