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n’était à prévoir. Nous devions déboucher à l’Ouest d’Ekaterinodar. eu traversant la rivière Kouban sur un point où les bolchévistes ne nous attendaient pas.

Nos préparatifs, ainsi que les opérations destinées à nettoyer la région des éléments bolchévistes, campés dans presque tous les villages et le long du chemin de fer, nous prirent jusqu’au 25 mars. C’est seulement à cette date que nous nous mimes en route, en direction de George-Afipskaïa. Au passage de cette localité, il nous fallut essuyer un feu violent des trains blindés. Ensuite, nous dûmes avancer presque sans routes, obligés à tout moment de traverser à gué les ruisseaux débordés. Nous progressions lentement, et cette marche pénible, qui éprouvait énormément blessés et malades, fut fatale à nos chevaux.


Le passage de la rivière Kouban s’effectua de grand matin, à la hauteur du village de Panakes. Nous ne disposions que d’un seul bac : c’est sur ce bac que le général Korniloff parvint à faire passer toute l’armée et le convoi de matériel à travers la rivière Kouban débordée. Ce tour de force aurait dû, en effet, amener la surprise des rouges ; le grand nombre de nos blessés paralysa notre action. Nous débouchâmes à l’Ouest d’Ekateridonar, alors qu’on nous attendait au, Sud ou à l’Est. Une attaque, menée avec toutes nos forces, aurait certainement réussi à anéantir le nid bolchéviste. La brigade du général Bogaevsky, les unités de Pokrovsky et la cavalerie commandée par Erdeli, Glasenapet Oulagaï, fondirent sur les rouges et, dès le premier jour, par des combats incessants, les refoulèrent jusqu’à Ekaterinodar. Si les forces d’élite de la brigade du général Markoff, le 1er régiment d’officiers (plus tard régiment portant le nom du général Markoff), et le 1er régiment du Kouban (plus tard régiment portant le nom du général Alexéïeff), avaient été avec nous, il n’y a pas de doute que la résistance des rouges aurait été brisée et que nous serions arrivés à ce but tant souhaité : Ekaterinodar. Mais Korniloff devait prévoir une attaque sur ses derrières et ne pouvait abandonner à leur sort les blessés et les malades. Afin de les couvrir, il dut laisser la brigade presque entière du général Markoff sur la rive gauche de la rivière.

Le bac qui nous passait d’une rive à l’autre ne transportait