au premier anniversaire de la mort du général Korniloff : — « Il y a un an, dit-il, une grenade russe, dirigée par une main russe, faucha un grand patriote russe. Son corps fut brûlé et ses cendres dispersées par les vents.
« Pourquoi ?...
« Est-ce parce qu’aux jours des perturbations terribles, lorsque les esclaves d’hier s’inclinaient devant de nouveaux maîtres, il leur dit bravement et fièrement : « Allez-vous-en ! Vous perdez la Russie. »
« Est-ce parce que, sans ménager sa vie, avec une poignée de combattants, il entreprit la lutte contre la démence qui envahissait le pays et tomba, fidèle à son devoir envers la Russie, envers la Patrie.
« Est-ce parce qu’il aima jusqu’au martyre, le peuple qui le livra et le crucifia ?
« Des années passeront et vers les hautes rives du Kouban des milliers d’hommes viendront saluer celui qui a donné sa vie pour la résurrection de la Russie.
« Ses bourreaux viendront aussi.
« Et il leur pardonnera.
« Mais, nous, comment leur pardonner ?
« Lorsque ce grand chef languissait dans la prison de Bykhoff, en attendant le jugement injuste du Gouvernement provisoire, quel est le destructeur de la Sainte Russie qui a dit : « Il faut que Korniloff soit exécuté ; mais, ce jour-là, je viendrai porter des fleurs sur sa tombe et je ploierai le genou devant ce patriote. »
« Qu’ils soient maudits, ces criminels de la parole et de la Pensée ! Arrière leurs fleurs ! Elles profanent la sainte tombe.
« Je m’adresse à ceux qui, pendant la vie de Korniloff et après sa mort, lui donnèrent les fleurs de leurs cœurs et de leurs âmes, à ceux qui, naguère, lui confièrent leurs vies et leurs destinées.
« Au milieu des tempêtes terribles et des combats sanglants, restons fidèles à son testament.
« Et que son souvenir soit éternel !
« Ainsi-soit-il ! »
Nous quittâmes la stanitza Elisavetinskaïa par une sombre nuit : Près de la maisonnette occupée par le général Alexéïeff,