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Avant d’être l’objet, ou pour mieux dire le sujet des récentes expériences de la Sorbonne qui ont tant fait couler d’encre, Éva Carrère avait longuement expérimenté avec le Dr Geley et le baron Schrenk-Notzing. J’ai lu attentivement les comptes rendus faits par ces auteurs de leurs recherches avec Éva Carrère. Ces comptes rendus sont présentés comme des contributions d’un caractère exclusivement scientifique à nos connaissances. On y cherche pourtant en vain l’indication de méthodes vraiment scientifiques dans le détail des expériences. Le Dr Geley nous assure qu’il n’y avait aucune possibilité de fraude de la part du médium, mais il néglige de mentionner quelle était la nature des mesures de contrôle et de précaution qui s’imposaient, de sorte que nous ne savons même pas si de telles mesures ont été prises. Quant à M. Schrenk-Notzing, il ressort de ses textes que dès qu’il fait quelque tentative pour se préserver des méthodes frauduleuses que pourrait employer le médium, le résultat indique clairement que la fraude a été non seulement possible mais hautement probable.

Les expériences du Dr Geley ont eu lieu dans l’obscurité. Le médium se plaçait dans un cabinet et entrait en transe. La substance ectoplasmique commençait à s’échapper, à exsuder en quelque sorte du médium et s’organisait sous forme de mains, de visages et quelquefois de têtes complètes couvertes de vrais cheveux à travers lesquels l’expérimentateur passait ses doigts, oubliant un moment que l’ectoplasme ne doit pas être touché sans danger grave. Les têtes et les visages apparaissaient toujours dans le voisinage du médium, jamais à plus de soixante-dix centimètres du cabinet, à peu près la longueur du bras. Le développement de l’ectoplasme, son organisation avait lieu derrière le rideau du cabinet. La tête ou le visage partiellement formé apparaissait soudain dans une ouverture du rideau, disparaissait, puis réapparaissait au bout d’un temps très court, dans un état de développement plus avancé. La même chose se produisait en sens inverse lors de la dématérialisation de l’ectoplasme. Il se passait, comme on voit, beaucoup de choses derrière le rideau, c’est-à-dire à l’abri de tout contrôle sérieux et technique dont il ne semble pas que dans tout ceci on se soit préoccupé outre mesure.

M. James Black, dans l’examen critique aigu qu’il a fait des expériences, trouve bien regrettable que le Dr Geley n’ait pas songé à empoigner solidement, à garder dans sa main, les cheveux qu’il pénétrait de ses doigts. On ne peut que s’associer à ce regret, car on