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aurait peut-être su alors si Éva n’était pas par hasard tout à côté de ces cheveux.

La British Society for Psychic Research a invité récemment Éva Carrère à Londres afin d’y démontrer sa médiumnité. A une séance tenue sous les auspices de la Société, Éva fut soumise à un examen rigoureux et à des conditions de contrôle strictes, mais qui ne pouvaient pourtant en rien paralyser les phénomènes. Avant d’entrer dans le cabinet, on la fouilla soigneusement et le cabinet lui-même fut examiné à fond. Rien de suspect ne fut trouvé. Éva entra en transe et ne produisit absolument rien, ni têtes, ni visages, ni mains, enfin aucun ectoplasme. Éva incrimina l’atmosphère de Londres pour expliquer ces résultats négatifs. Certains seront tentés de conclure que la chose devrait peut-être plutôt être résumée ainsi : pas de contrôle, phénomènes ; contrôle, pas de phénomènes.

La vraisemblance de cette manière de voir résulte avec plus de netteté encore des expériences récentes faites au laboratoire de physiologie de la Sorbonne, avec le même médium Éva, par les professeurs Lapicque, Pierron, Dumas et Laugier, tous techniciens, physiologistes et psychologues réputés, et n’ignorant rien des nécessités de la méthode scientifique.

Ces expériences ont eu lieu sur l’initiative de M. Paul Heuzé, dont il faut louer les efforts tenaces pour contribuer à apporter un peu de clarté dans ces questions.

Les expériences de la Sorbonne ont été conduites dans des conditions parfaitement rigoureuses. Un grand nombre de séances ont eu lieu dans lesquelles aucune condition restrictive de nature à empêcher la production n’avait été imposée au médium.

Quoi qu’il en soit, les conclusions du procès-verbal publié et qui est un modèle de clarté, d’objectivité scrupuleuse et de prudence scientifique sont entièrement négatives. Ce procès-verbal constate que à deux reprises (sur quinze séances d’expérience), les savants ont cru constater, dans des conditions d’éclairage très mauvaises, l’émission par la bouche du médium d’une sorte de substance inerte qui n’avait aucune des apparences de formes vivantes habituellement attribuées à l’ « ectoplasme ; » cette substance était entièrement inerte, elle était maintenue par les lèvres du médium, n’avait que les mouvements imprimés par la bouche, et ne disparut qu’après que le médium l’eut mâchée et avalée, comme s’il s’agissait d’un objet de caoutchouc ou de quelque chose d’analogue.

La conclusion très nette des savants est la suivante : « En ce qui