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Chronique 14 octobre 1922

CHRONIQUE DE LA QUINZAINE

Quand leurs affaires périclitent, les Grecs ont coutume de mettre en scène une révolution ; ils n’y ont pas manqué cette fois. Leur patriotisme excelle à ces revirements ; il sait à merveille escamoter le personnage devenu gênant et mettre sur le chandelier celui qui leur parait susceptible de glaner quelques avantages pour leur pays. Du 25 au 27 septembre, à Mitylène, à Salonique, à Larissa, parmi les troupes vaincues, des troubles éclatent ; des officiers organisent une sorte de directoire insurrectionnel. Un avion va jeter sur Athènes des proclamations, signées du colonel Gonatas, réclamant l’abdication immédiate de Constantin. La marine s’associant au mouvement, des troupes débarquent au cap Sunium ; le général Papoulas vient au-devant d’elles ; on s’entend sans peine entre royalistes et venizélistes ; personne n’estime que Constantin vaille la peine qu’on se fasse tuer pour lui ; il abdique le 28 en faveur de son fils aîné Georges, et s’embarque le 30 à Oropo pour Palerme avec la reine Sophie et sa famille. Le diadoque, qui devient roi sous le nom de Georges II, avait été écarté, comme trop admirateur de l’Allemagne, en juin 1917, lors de la première abdication de son père, par M. Venizélos, qui lui préféra le prince Alexandre ; il a épousé la princesse Elisabeth de Roumanie et se trouve donc le beau-frère du roi des Serbes, Croates et Slovènes. Les officiers révolutionnaires n’ont pas encore réussi à constituer un cabinet : M. Zaïmis, qui excelle dans les rôles de transition, s’est récusé ; M. Venizélos reste en Occident où il assume la défense des intérêts grecs ; M. Politis a accepté les Affaires étrangères, mais on cherche encore un président du Conseil. Le poste est tenu provisoirement par M. Krokidas ; en réalité, le pouvoir appartient à un directoire militaire et l’influence inspiratrice vient de M. Venizélos.

La Grèce cherche à pallier ses désastres et à préserver du naufrage